Les experts de l'ONU estiment également que les exactions sans précédent accompagnant ces combats -- saccage, violences et viols collectifs d'employées d'organisations internationales --n'étaient pas seulement le fait de soldats en maraude.
Des dizaines de militaires avaient investi le 11 juillet une résidence proche d'une base de l'ONU. Plusieurs employées étrangères avaient été violées et un journaliste sud-soudanais tué.
Devant le degré de violence, le grand nombre de soldats impliqués et l'ampleur du pillage, les experts "concluent que cette attaque a été bien coordonnée et ne peut pas être considérée comme un acte de violence et de vol opportuniste".
L'armée régulière SPLA a affronté du 8 au 11 juillet à Juba les ex-rebelles de Riek Machar dans des combats à l'arme lourde qui ont fait au moins 300 morts et poussé 60.000 personnes à fuir le pays.
L'ampleur des hostilités, menées à l'aide d'hélicoptères MI-24 et d'unités blindées, "amène à conclure que ces combats ont été dirigés au plus haut niveau des structures de commandement de la SPLA", indique ce rapport confidentiel que l'AFP a consulté.
En effet, notent les experts, seuls le président Kiir et son chef d'état-major Paul Malong "avaient l'autorité pour déployer des MI-24".
Riek Machar avait dû fuir le pays en compagnie de centaines de ses partisans pour passer en République démocratique du Congo (RDC) voisine, puis gagner le Soudan. Il a été remplacé comme vice-président par Taban Deng Gai.
L'ONU a dénombré plus de 300 cas de violences sexuelles, commis principalement par des soldats loyalistes, à Juba et contre des femmes et filles fuyant la capitale.
Les Casques bleus de la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) s'étaient montrés incapables d'empêcher ces exactions.
Après une visite d'ambassadeurs du Conseil de sécurité, le président Kiir et son gouvernement ont donné dimanche leur accord au déploiement de 4.000 Casques bleus supplémentaires africains pour sécuriser la capitale.
L'ONU a menacé d'imposer un embargo sur les armes si cette "force de protection" n'était pas déployée. Les experts notent à ce propos que "rien n'indique que le gouvernement ait besoin de davantage d'armements pour assurer la sécurité". Au contraire, "le flot continu d'armes contribue à étendre l'instabilité".
Le rapport souligne aussi la dégradation de l'économie, qui "s'est effondrée", avec une inflation annuelle atteignant 661,3% en août.
"La hausse du coût de la vie et l'incapacité du gouvernement à payer les salaires de manière régulière ont exacerbé les tensions parmi les militaires et plus largement dans la population", notent les experts. Certains fonctionnaires n'ont pas été payés depuis mai 2016 et la monnaie locale a perdu près de 90% de sa valeur depuis décembre 2015.
Avec AFP