Retour en classe après un accord entre l’Etat et les syndicats sénégalais

Les élèves jouent au football à Dakar, Sénégal, le 10 mars 2022. (VOA/Seydina Aba Gueye)

Ce lundi, les cours ont repris dans les écoles sénégalaises après plus de 3 mois de grève des enseignants. Ces derniers ont levé leur mot d’ordre de grève après que l’Etat a promis une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards de FCFA pour satisfaire leurs doléances.

Après plusieurs semaines d’âpres négociations, les syndicats d’enseignants et l’Etat du Sénégal ont trouvé un terrain d’entente pour mettre fin à la grève. Mais même s’ils ont décidé de reprendre les cours, les enseignants restent prudents en attendant l’application des accords.

Saourou Sene, Secrétaire Général du Saems, l’un des principaux syndicats d’enseignants, précise que le mot d’ordre est suspendu pour l’instant. "Nous l’avons fait conformément à la demande des enseignants parce qu’au niveau des enseignants du moyen et du secondaire avec les organisations du Saems et du Cusems nous avions demandé au gouvernement de nous permettre de partager les propositions avec nos bases. Et la base nous a instruit de suspendre le mot d'ordre, voilà pourquoi nous l'avons suspendu", explique-t-il.

Cette grève qui a duré un peu plus de 3 mois a mis à rude épreuve le moral des élèves et de leurs parents. Thierno Niang explique que ces enfants ont vécu des moments difficiles.

"Les petits ont beaucoup souffert car pendant presque deux mois ils n'ont pas pu aller à l'école et pendant ce temps les écoles privées poursuivaient leurs cours. D’ailleurs ils m’ont fait la remarque à plusieurs reprises et c’était vraiment difficile pour moi de leur donner une explication convaincante. Car moi-même j’avais peur d’une année blanche", dit-il.

Une situation "difficile et inexplicable" pour ce parent d’élèves qui est aujourd’hui satisfait de voir les choses revenir à la normale.

"Heureusement que la situation est résolue. Maintenant nous implorons les enseignants de se donner corps et âme pour encadrer les enfants parce qu'il ne reste que 4 ou 5 mois", affirme-t-il.

Mouhamed Fall, parent d'élèves, espère que ces accords seront respectés et que ce genre de situation pourra être évité à l’avenir grâce à une meilleure entente entre l’Etat et les syndicats d’enseignants.

"Je suis soulagé parce qu’il y a un instant je pensais que l'année scolaire était déjà perdue mais bon tout est bien qui finit bien", dit-il. Mouhamed se félicite de la "résolution de la crise et demande aux enseignants d'assister nos enfants et demande à l'Etat aussi d'assister les enseignants pour que ça puisse aller de l'avant".

Une entente encore fragile qui est déjà mise à l’épreuve par le nouveau calendrier scolaire publié par le ministère de l’Education. Les fêtes de Pâques sont réduites et l’année scolaire prolongée de quelques semaines pour le moyen secondaire. Une décision que regrettent les syndicats d’enseignants. Saourou Sene, SG du Saems.

"Nous avons été surpris par la décision du ministère de l’Education parce qu'on aurait dû, dans la dynamique de la pacification, partager ces propositions avec les organisations syndicales", souligne-t-il. Le syndicaliste qui dit avoir vu le calendrier "comme tous les Sénégalais" ne sait pas encore "quelle sera la réaction des professeurs". Il ajoute que l'essentiel est que "le calendrier devait être réaménagé avec eux, compte tenu des heures perdues". Et pour lui, cela ne signifie pas une cogestion mais une co-construction entre les enseignants et leur tutelle.

De son côté, le ministère de l’Education affirme avoir suivi les directives récentes du Président de la République en procédant au réajustement des programmes et au réaménagement du calendrier scolaire qui s’étend maintenant jusqu’à la fin du mois de juillet 2022.

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