"Depuis qu'elle a adhéré à l'OMC en 2001, la Chine ne s'est pas davantage tournée vers des politiques et des pratiques fondées sur le marché", a déclaré l'ambassadeur américain à l'Organisation mondiale du commerce, Dennis Shea.
"En fait, c'est le contraire qui est vrai. Le rôle de l'Etat dans l'économie chinoise s'est accru", a-t-il ajouté.
Il s'exprimait à huis clos lors d'une réunion du Conseil général de l'OMC, l'organe de décision suprême de l'organisation.
"Pour la Chine, une réforme économique signifie perfectionner la gestion de l'économie par le gouvernement et le Parti communiste", a-t-il asséné, selon les remarques préparées et distribuées par la mission américaine.
A la mi-juillet, à l'occasion de l'examen des politiques commerciales de la Chine à l'OMC, un exercice auquel se soumettent à intervalles réguliers tous les membres de l'organisation, les Etats-Unis avaient remis en cause la légitimité du géant asiatique à faire partie de l'institution internationale.
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De son côté, la Chine avait fait valoir dans un rapport présenté à cette occasion qu'elle "était un défenseur solide du libre-échange".
"L'image que la Chine se fait d'elle-même n'est pas exacte", a dit jeudi M. Shea.
Les Etats-Unis ont dénoncé à plusieurs reprises l'interventionnisme d'Etat en Chine, mais ces critiques se sont faites de plus en plus pressantes ces dernières semaines. Elles interviennent alors que les tensions commerciales sont très vives entre les Etats-Unis et la Chine, depuis l'imposition par les Américains, sous couvert de protéger la sécurité nationale, de taxes à l'importation sur l'acier et l'aluminium.
Washington fait valoir que les règles de l'OMC, qui n'ont pas été mises à jour de manière significative depuis la création de l'organisme en 1995, ne permettent pas de répondre aux problèmes posés par l'interventionnisme étatique chinois, et les Etats-Unis aspirent à réformer l'OMC même s'ils n'ont pas encore dessiné les contours de cette réforme. L'Union européenne et le Japon travaillent également dans ce sens.
Le directeur général de l'OMC, Roberto Azevedo, a expliqué mercredi aux médias que si l'OMC a mis en place des règles limitant l'influence de l'Etat sur le secteur privé, les économies peuvent évoluer et contourner ces règles.
Après la rédaction des règles, "on commence à avoir des zones grises, parce que de nouvelles pratiques apparaissent. (...) Je pense que c'est la situation en Chine", a-t-il dit.
Avec AFP