Un porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a indiqué ne pas savoir si Mohammed Emwazi, de son vrai nom, avait été tué. "Nous sommes en train d'évaluer les résultats de l'opération de cette nuit (de jeudi à vendredi) et fournirons des informations supplémentaires de manière appropriée", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Selon le Pentagone, le bombardement aérien a eu lieu à Raqa, capitale de facto du "califat" autodéclaré de l'organisation extrémiste, dans le nord de la Syrie.
La chaîne d'information CNN et le quotidien Washington Post, citant des responsables américains, affirment que la frappe provenait d'un drone et que la cible avait été repérée il y a plusieurs jours par le renseignement américain.
"Emwazi, un citoyen britannique, a pris part aux vidéos montrant les meurtres des journalistes américains Steven Sotloff et James Foley, du travailleur humanitaire américain Abdul-Rahman Kassig, des travailleurs humanitaires britanniques David Haines et Alan Henning, du journaliste japonais Kenji Goto et d'un certain nombre d'autres otages", indique le communiqué du quartier général de la Défense américaine.
Mohammed Emwazi, un programmeur informatique de Londres, est né au Koweït en 1988 d'une famille apatride d'origine irakienne. Ses parents avaient déménagé en Grande-Bretagne en 1993, après avoir perdu tout espoir d'obtenir la nationalité koweïtienne.
La frappe intervient au moment où l'armée américaine apporte un soutien aérien à une offensive majeure des peshmergas kurdes contre l'EI sur le mont Sinjar, dans le nord de l'Irak, et alors que doit se tenir une réunion internationale samedi à Vienne sur les perspectives de transition politique en Syrie.
L'EI contrôle de vastes territoires en Syrie, déchirée depuis 2011 par un conflit de plus en plus complexe qui a fait plus de 250.000 morts, et en Irak. Mais le groupe djihadiste semble reculer dernièrement, attaqué dans les deux pays par les armées nationales et pilonné par les aviations russe (en Syrie) et de la coalition internationale menée par les Etats-Unis (en Syrie et en Irak).
- Le bourreau au visage caché -
"Jihadi John" était devenu l'incarnation de la cruauté du groupe EI, visible dans plusieurs vidéos de décapitations de prisonniers occidentaux, toujours vêtu de noir, masqué et couteau à la main.
L'homme est apparu sur des images de propagande macabre au côté de captifs américains, britanniques et japonais en combinaison orange, juste avant leur exécution, proférant avec un accent britannique des menaces à l'encontre des gouvernements concernés. Seuls ses yeux étaient visibles.
Il était apparu pour la première fois dans une vidéo en août 2014 montrant la décapitation de James Foley, un journaliste indépendant de 40 ans porté disparu en Syrie depuis novembre 2012. La vidéo, intitulée "Un message à l'Amérique", avait suscité des condamnations dans le monde entier.
Deux semaines plus tard, un autre otage américain, Steven Sotloff, subissait le même sort des mains du tueur.
Il figurait aussi à l'image lors des décapitations du travailleur humanitaire britannique David Haines, du chauffeur de taxi de Manchester Alan Henning, de l'américain Peter Kassig, et des otages japonais Haruna Yukawa puis Kenji Goto.
Les témoignages sur Mohammed Emwazi retracent l'itinéraire d'un jeune Londonien d'origine koweïtienne sans problème, fan de football et de jeux vidéo, jusqu'à sa radicalisation pour devenir un tueur décrit comme "froid, sadique et impitoyable".
Avec AFP