Selon les statistiques du gouvernement camerounais, un demi million de camerounaises sont concernées par les viols et abus sexuels.
"Le bourreau peut être le frère ainé, ça peut être un oncle", c’est ainsi que Victorine Sehi Geguidé, présente l’une des faces cachées des viols et abus sexuels sur les filles et femmes au Cameroun.
Lire aussi : Les associations féminines dénoncent les viols et abus sexuels sur les filles et femmesCe jour, Victorine dirige un atelier d’échanges sur les victimes des violences sexuelles dans le 2e arrondissement de Yaoundé.
A l’occasion, la parole se libère. Et les femmes responsables d’associations témoignent sur l’ampleur du phénomène.
"Nous avons eu une jeune fille qui a été violée par son oncle paternel. Elle a eu un bébé de lui, mais nous avons eu vent de ce cas, nous l’avons suivi. Nous avons eu un grand frein au niveau de la famille, qui a estimé que le linge sale devait se laver au sein de la famille. Avec la peur, la honte du qu’en dira-t-on, ils ont déplacé la fille pour qu’on n'ait plus de ses traces", a confié à VOA Afrique, Jeanne Ntolo, de "l’association femmes autonomes de la briqueterie", un quartier populaire de la capitale.
Les jeunes filles scolarisées font aussi partie des victimes de viols et d'abus sexuels, mais optent très souvent pour le silence.
"Nous avons un stagiaire qui a repéré un cas d’une élève fille, qui est victime d'abus sexuel, de harcèlement...elle vit avec sa mère qui est mariée à un autre homme, et cet homme la harcèle sexuellement. Nous avons ce cas actuellement, nous sommes encore sur le dossier", a expliqué à l’assistance Fadimatou Nana, conseillère d’orientation principale au lycée technique de Yaoundé.
Il ressort d’une récente étude de santé publique que sur une population de 37.719 filles et femmes camerounaises, 5,2% ont été victimes de viols, et près d'un quart d'entres elles avaient moins de 10 ans au moment du viol.
"C’est le voisin qui abuse, c’est le père qui abuse, c’est le camarade de classe qui abuse, c’est l’inconnu aussi qui abuse des petites filles. On recense tous ces cas chaque année et beaucoup plus dans le cadre du projet en cours en partenariat avec l’UNICEF sur les violences faites aux mineurs", souligne Clarisse Otele, une assistante sociale qui travaille pour l’association de lutte contre les violences faites aux femmes.
Co- fondatrice de l’association de lutte contre les violences faites aux femmes, Elise Pierrette Mpoung Meno estime que les résultats de leur combat sont encore mitigés au Cameroun.
"Il y a de plus en plus de familles qui portent plainte parce que leur fille a été victime d’un viol. Les jugements sont rendus et nous pensons qu'il y a une évolution".
Mais, ajoute, Pierrette Mpoung Meno, "on n’a pas eu de lois spécifiques contre les violences faites aux femmes. On a travaillé sur le code de la famille, mais on n’a toujours pas vu ce code validé".
Dans un film documentaire intitulé "Les prisonnières du silence", projeté en avant-première le 2 mars dernier à Douala, trois jeunes Camerounaises ont témoigné sur les viols et abus sexuels dont elles ont été victimes.
La productrice, Laetitia Tonye Loé, une jeune camerounaise, a elle-même été victime d’abus sexuel.