Les autorités fédérales refusent de donner les détails sur ces nouvelles mesures de sécurité, affirmant tout simplement qu'il avait été décidé de ne plus publier les décisions pour lutter contre l'insécurité dans le pays.
Mais la société civile ne l’entend pas de cette oreille et dénonce le choix de limiter ces nouvelles initiatives à seulement deux régions alors que le pays entier fait face à une insécurité croissante.
Hamza Lawal, activiste et fondateur de l’ONG qui lutte contre la corruption Follow the Money, souligne que "c’est ainsi que le président commet des erreurs chaque fois". "Je pense qu’on a besoin d’une initiative nationale pas juste pour une région", soutient-il.
Le conseiller du président à la sécurité Babagana Monguno affirme que cette rencontre souligne la nécessité de relever les défis de sécurité dans le pays, en particulier ceux qui se sont posés ces derniers mois.
L’activiste et directrice du Centre pour la transparence, Faith Nwadishi, se dit aussi préoccupée du reste du pays en proie également à la violence."Il y a de cela plusieurs années, plus d’une décennie et demie, soit plus de 15 ans que nous avons une insurrection dans le nord-est qui s’étend désormais au sud du Nigeria. Soudainement nous avons des instructions qui suggèrent qu’il faut se préoccuper plus de ce qui se passe dans les régions du sud et du sud, alors que nous n’avons pas encore trouvé de solution à la crise dans le nord-est. Chaque partie du Nigeria est importante".
Les gouverneurs de ces deux régions, 17 au total, se sont réunis récemment à Asaba, la capitale de l’Etat du Delta, dans le sud pétrolifère, pour parler de la situation sécuritaire du pays.
Une réunion qui a permis aux gouverneurs de lancer un appel à un dialogue national. Le gouverneur de l’Etat d'Ondo, Rotimi Akeredolu, a lu le communiqué final de la rencontre.
"Une décision urgente doit être prise pour restructurer la fédération nigériane. Ce qui va permettre la création de la politique étatique. La réunion a aussi recommandé que, vu les agitations dans le pays, le gouvernement fédéral doit organiser un dialogue national comme une urgence".
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Cet appel à la restructuration du pays a provoqué des réactions du côté de la mouvance présidentielle.
Ahmed Lawal est le président du sénat et un des ténors du parti au pouvoir. Il dénonce des appels à la sécession.
"Pour moi, je pense que le moment est venu pour nous d’accepter le défi et rassurer que le système de gouvernement local fonctionne. Cela dans le cadre de la recherche de moyens, de solutions face à la situation sécuritaire à laquelle nous sommes confrontés. Les appels à la sécession , à la restructuration, beaucoup sont des appels légitimes, même si je ne crois pas que quelqu’un qui appelle à la sécession a vraiment de bonnes intentions".
Des dizaines de policiers et autres agents de sécurité ont été tués au cours des dernières semaines dans les régions du Sud-est et du Sud.