Les Grecs manifestent à Athènes contre les camps de migrants

Des migrants attendent devant un navire militaire après leur débarquement dans le port d'Elefsina, près d'Athènes, le samedi 2 novembre 2019. (AP)

Responsables et habitants des îles grecques lourdement impactées par la présence de milliers de migrants ont fait le déplacement jusqu'à Athènes jeudi pour protester contre le plan gouvernemental de construire de nouveaux camps sur leurs îles.

Des dizaines de manifestants des îles de Lesbos, Chios et Samos, rassemblés devant le ministère de l'Intérieur, ont déployé des banderoles hostiles au projet du gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis.

"Fermez les frontières, expulsez les migrants illégaux", "Non aux prisons des âmes", était inscrit sur des banderoles des manifestants.

D'anciens députés et cadres du parti néo-nazi grec Aube dorée, jugés depuis cinq ans pour "participation à une organisation criminelle", se sont joints au rassemblement avant d'en être chassés par des manifestants, selon un journaliste de l'AFP.

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Confronté à une recrudescence des arrivées de migrants sur les îles égéennes et à l'asphyxie des camps qui les accueillent dans des conditions insalubres, le gouvernement grec a annoncé la fermeture des trois camps les plus surpeuplés de Lesbos, Samos et Chios, dont les conditions de vie sont unanimement dénoncées.

Mais ces camps seront remplacés par de nouveaux centres fermés, d'ici mi-2020, d'une capacité totale de 20.000 migrants sur ces trois îles auxquelles s'ajoutent celles de Leros et de Kos.

Les autorités locales et les habitants des cinq îles rejettent en bloc ce projet, contre lequel ils ont déjà manifesté à plusieurs reprises sur leurs îles, et exigent le transfert immédiat de la majorité des demandeurs d'asile présents sur leurs territoires.

Leur fureur est encore montée d'un cran avec l'annonce du gouvernement que des terrains pourraient être réquisitionnés pour une période de 3 ans afin d'y construire les nouveaux centres.

"Les discussions ne peuvent pas durer indéfiniment (...) le temps est venu de prendre des décisions", a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas sur la chaîne ERT, précisant qu'en cas de réquisition, les propriétaires seraient indemnisés.

"Nous sommes prêts à faire en sorte de trouver des solutions pacifiques, pourvu que le gouvernement abandonne ces méthodes" de réquisition, a déclaré le gouverneur de la région Nord Egée, Constantinos Moutzouris, sur Alpha TV.

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La construction des nouveaux camps doit commencer en mars et ils devraient être opérationnels cet été, a annoncé le nouveau ministre des Migrations Notis Mitarachi. Ils doivent pouvoir héberger au total 20.000 personnes pour une période maximum de trois mois, le gouvernement ayant également prévu d'accélérer l'examen des demandes d'asile.

A la différence des camps actuels, les nouvelles infrastructures seront "fermées" pour mieux contrôler les allées et venues des demandeurs d'asile sur les îles.

Selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'ONU (HCR), plus de 38.000 demandeurs d'asile s'entassent dans des camps insalubres sur des îles grecques de la mer Égée, alors que leur capacité n'est que de 6.200 personnes.

La situation explosive sur les îles a récemment provoqué des actions xénophobes: la semaine dernière sept personnes avaient été arrêtés à Lesbos, soupçonnés d'avoir intimidé et menacé des migrants vivant dans le camp de Moria, le plus surpeuplé et insalubre d'Europe.