Les guides religieux influent la vie politique sénégalaise

Le khalife général des mourides avec l’archevêque de Dakar, le 15 décembre 2019. (VOA/Seydina Aba Gueye)

Au Sénégal, Me Madické Niang, candidat malheureux à la présidentielle 2019, renonce à la politique sur ordre du khalife général des mourides, la communauté religieuse majoritaire dans le pays.

C'est le même guide religieux qui a été à l'origine de la réconciliation entre les présidents Wade et Sall. Il a aussi été l'acteur majeur de la libération de l'ancien maire de Dakar, Khalifa Sall. Des faits qui montrent l'implication et surtout la forte influence des guides religieux au Sénégal.

Au sein d'une population fortement croyante, les guides religieux sénégalais bénéficient d'une grande influence ce qui leur donne souvent un ascendant sur les hommes politiques. Ainsi, les Khalifes des confréries sont souvent des acteurs phares dans des prises de décisions majeures.

Une situation que Ndeye Aminata trouve tout à fait normal car pour elle, les religieux sont les premiers guides dans la société sénégalaise avec la présence d'une "forte croyance religieuse" avec les différentes confréries qui occupent chacune une place très importante.

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Pour cette gérante de multiservices, cela va juste stabiliser la situation politique parce que les guides religieux sont vraiment influents et aident les autorités dans les prises de décisions.

Pour Ndeye Aminata, c'est un atout car les confréries bénéficient de "la soumission de leurs disciples" donc leur implication va juste renforcer "la stabilité politique et celle du pays".

Le Khalife Général des mourides avec l’ancien président Wade, à Dakar, le 15 décembre 2019. (VOA/Seydina Aba Gueye)


Alioune Badara Ndong abonde dans le même sens. Il estime que les guides religieux sont des atouts non négligeables dans la marche républicaine et la stabilité du Sénégal puisqu’ils ont "cette possibilité de conscientiser la population".

Pour lui, cela est une participation à l'apaisement de la population. Par exemple, en temps de conflits, ce sont eux qui peuvent "discuter avec la population de telle sorte qu'elle change d'attitude", ajoute-t-il.

Alioune est convaincu que les guides religieux ont un rôle phare à jouer "parce qu'au-delà de la politique il y a la religion" et le Sénégal est "un pays où les gens accordent une grande importance à la religion", conclut-il.

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Au-delà des Khalifes qui font office de régulateurs de la société, certains guides religieux vont jusqu'à s'engager en politique en créant des partis. Une situation complexe qui peut créer des tensions d'après Pape Coly Sarr qui affirme qu'il y a des règles en politique qui font qu'un religieux dans un combat politique ou avec une connotation politique ça peut être "quelque chose de très dangereux".

Pour ce spécialiste de la communication, la conception collective veut que l'homme religieux ne soit pas critiqué puisque "quand un homme religieux est critiqué c'est vu comme un blasphème" c'est donc très dangereux de le faire.

Pour lui, l'explication est très simple. Un homme politique doit être "critiqué et remis en cause s'il le faut" alors qu’un guide religieux ne doit absolument "pas être critiqué du fait de son statut" alors la combinaison des deux ne peut être que dangereuse et difficile à gérer.

Avec une population fortement ancrée dans les croyances religieuses, le Sénégal est un pays où les injonctions des guides religieux sont très souvent suivies à la lettre par tout un chacun. Une situation à laquelle n'échappe pas les personnalités politiques et pour les populations cela participe fortement à la stabilité du pays.