Devant l'école primaire publique de Simbaya, dans la banlieue de Conakry, de longues files se sont constituées dès 7 heures (GMT et locales) obligeant les responsables de ce bureau de vote à commencer les opérations avant 8 heures, heure prévue du début du scrutin, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les bureaux doivent fermer à 18 heures GMT alors que 5,9 millions d'inscrits sont appelés aux urnes. Le moment de l'annonce des résultats est incertain.
Quelques électeurs sont sortis très tôt pour accomplir leurs devoirs civiques.
Certains ont confié à VOA Afrique d'avoir le sentiment d'être enfin soulagé. Les Guinéen ont attendu ces élections qui leur donne le droit d'élir les dirigeants à la tête des 342 communes urbains et rurales.
Le scrutin est sécurisé par 22.000 policiers et gendarmes visibles dans les rues de Conakry et devant les bureaux de vote visités par le correspondant de VOA Afrique.
"Je suis content d'avoir accompli mon devoir civique pour des communales, pour lesquelles je n'avais jamais voté. C'est la première fois que je le fais pour un maire et j'espère que mon candidat va l'emporter, pour qu'il mette son programme en place, à savoir assainir notre commune, mettre en place un système pour la création de l'emploi et la sécurité de la cité", a déclaré devant l'école de Simbaya Aboulaye Soumah, un chauffeur de taxi.
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Les dernières élections locales remontent à 2005, sous la présidence du général Lansana Conté (1984-2008), dont le parti avait raflé plus de 80% des suffrages, ainsi que 31 des 38 communes urbaines et 241 des 303 communes rurales que comptait alors le pays.
Les mandats des exécutifs municipaux étant arrivés à échéance, ils ont été remplacés sous Alpha Condé, élu président en décembre 2010, après une transition militaire de deux ans.
Depuis, le gouvernement invoquait des questions financières pour justifier le report de ce scrutin, l'opposition l'accusant de vouloir ainsi concentrer tous les pouvoirs.
Près de 30.000 candidats
Après de nombreuses manifestations de protestation, souvent meurtrières, et à la suite d'un accord entre le pouvoir et l'opposition et de l'élection présidentielle de 2015, ces exécutifs ont été renouvelés, au prorata des voix obtenues par chaque parti aux derniers scrutins nationaux.
Malgré un nouvel accord, en octobre 2016, fixant enfin les élections locales à février 2017, elles avaient été encore retardées en raison de divergences sur l'organisation.
En septembre, des dizaines de milliers de personnes ont à nouveau manifesté à Conakry pour exiger l'organisation de ce scrutin finalement convoqué en décembre par le président Condé pour le 4 février.
Pour désigner les dirigeants des 342 communes guinéennes, les électeurs doivent choisir parmi 29.554 candidats, dont 7.055 femmes, répartis sur plus de 1.300 listes de partis, de coalitions ou se présentant comme candidats indépendants. Les élus constitueront les conseils municipaux, chargés ensuite de désigner les exécutifs locaux.
Ces élections sont un "aboutissement", a estimé la semaine dernière Ibrahima Camara, directeur de campagne du parti de l'ancien Premier ministre Sidya Touré (1996-1999), candidat malheureux aux présidentielles de 2010 et 2015.
Il y voit une "de rampe de lancement pour enfin amener Sidya Touré en 2020 à la magistrature suprême", alors que la Constitution n'autorise pas le président Condé à briguer un troisième mandat.
En province, si des villes comme Kankan (est) et Labé (centre) apparaissent respectivement acquises au pouvoir et à l'opposition, la bataille s'annonce rude à Kindia (ouest) ou N'Zérékoré (sud).
A Kindia, le maire, appartenant à l'opposition, aura fort à faire face au candidat du parti présidentiel, qui a reçu le renfort de deux ministres, Cheick Taliby Sylla (Energie) et Oyé Guilavogui (Transports), tous deux natifs de la ville.