Les géants de la Silicon Valley s'expliquent de nouveau devant le Congrès

Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg et sa cheffe des opérations, Sheryl Sandberg

Les géants de la Silicon Valley reviennent mercredi devant le Congrès américain pour répondre à des accusations, aussi bien d'inaction face à l'ingérence russe dans la présidentielle de 2016 que de partialité envers les républicains, comme l'a dénoncé Donald Trump.

Le patron de Twitter, Jack Dorsey, et la numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, seront auditionnés mercredi matin par la commission du Renseignement du Sénat. Ils s'expliqueront sur "les opérations d'influence étrangères et leur utilisation des plateformes des médias". La participation d'un dirigeant de Google ou de sa maison-mère, Alphabet, n'a pas été confirmée.

M. Dorsey est aussi attendu dans l'après-midi à la Chambre des représentants qui planchera sur "la transparence et la responsabilité" en ligne.

En avril, c'est le patron de Facebook Mark Zuckerberg qui était venu s'expliquer au Congrès.

Ces auditions interviennent alors que le président américain a récemment mis en garde les géants de l'Internet contre ce qu'il estime être un manque d'impartialité. Il accuse notamment Google de truquer les résultats de son moteur de recherche au profit des médias "de gauche" et, logiquement, au détriment des conservateurs.

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Selon des experts de la technologie et des médias interrogés, il n'est pas prouvé que Google fausse ses résultats pour des raisons politiques. Et s'il le faisait, le président américain aurait peu de chances d'obtenir une réglementation de ses algorithmes, en raison du droit constitutionnel à la liberté d'expression.

Pour Roslyn Layton, spécialiste d'internet à l'American Enterprise Institute, les auditions seront difficiles car les dirigeants des réseaux sociaux sont pris entre deux feux.

"Les démocrates sont énervés contre l'étendue de la désinformation lors de l'élection de 2016, et les républicains contre leur perception de partialité", dit-elle.

La méfiance a aussi gagné le grand public. Selon une enquête de l'institut Pew Research de juin, 43% des sondés estiment que les principales sociétés technologiques soutiennent les opinions progressistes plutôt que conservatrices, et 72% pensent que les plateformes de réseaux sociaux censurent les opinions politiques qu'elles désapprouvent.

"Message concret"

Mais Mme Layton estime que ces auditions pourraient leur permettre aux réseaux sociaux de redorer leur image auprès du public s'ils mettent l'accent sur ce qui a fait leur succès.

"Ils oublient de souligner combien les gens aiment leurs produits, qu'ils sont utilisés dans le monde entier, y compris par les dissidents", explique-t-elle.

Kathleen Hall Jamieson, professeure à l'université de Pennsylvanie et auteure d'un livre sur le rôle de la Russie dans l'élection qui a porté M. Trump au pouvoir, affirme que ces auditions publiques donneront aussi aux plateformes l'occasion d'expliquer comment elles fonctionnent.

Les services américains de renseignements et des commissions d'enquête parlementaires ont affirmé que le Kremlin était derrière les tentatives de manipulation de l'opinion publique via Facebook en 2016, ce que Moscou a toujours fermement nié.

L'entreprise de Mark Zuckerberg a été largement critiquée pour n'avoir pas su identifier ces manipulations et a depuis développé des outils pour tenter de mieux les repérer.

"Ces sociétés ont mis en place des correctifs (pour éviter les manipulations étrangères) mais elles l'ont fait progressivement, sans avoir communiqué avec le public", explique-t-elle.

"S'ils peuvent délivrer un message concret que les parlementaires et le public peut comprendre, ils pourront peut-être reprendre le contrôle", estime pour sa part Adam Chiara, spécialiste des médias à l'université de Harford.

Et, en laissant sa chaise vide, Google laisse passer une belle occasion, ajoute-t-il, alors que la réputation de la Silicon Valley, accusée de faire preuve de laxisme envers les discours racistes et les fausses informations, s'est détériorée ces derniers mois.

Avec AFP