A six jours de la cérémonie de clôture des premiers JO en Amérique du Sud et à deux semaines du coup d'envoi des Paralympiques, les caisses du Comité d'organisation Rio-2016, financé à 100% par des fonds privés, sont vides.
Et si la situation ne se débloque pas rapidement, ce ne sont pas juste les athlètes paralympiques russes, suspendus pour dopage, qui risquent de ne jamais voir le Corcovado. Mais aussi les compétiteurs des fédérations paralympiques de 40 à 60 pays pauvres qui n'ont pas encore vu la couleur de leur billet d'avion.
Rio-2016 aurait dû verser déjà il y a plus de deux semaines les bourses promises à leurs comités.
"Ce serait une honte pour le Brésil de ne pas faire ces Jeux", a affirmé lundi le maire de Rio, Eduardo Paes, après s'être entretenu avec le président du Comité international paralympique (IPC), Philip Craven, et son directeur général Xavier Gonzalez.
M. Paes a offert de débourser jusqu'à 150 millions de réais si nécessaire. Mais une juge de Rio a interdit vendredi à la mairie et au gouvernement fédéral de verser le moindre denier public, faute de transparence sur l'utilisation des fonds.
-Faible vente de tickets-
Rio-2016 et la mairie ont annoncé qu'ils feraient appel de cette décision. "Bien que la situation soit très précaire, les rumeurs selon lesquelles les Paralympiques n'auront pas lieu ou que certaines compétitions seraient supprimées sont totalement infondées", a tenu à rassurer Philip Craven.
Le patron de l'IPC a qualifié de "très positifs" ses entretiens avec le maire de Rio, puis dans la capitale Brasilia avec Eliseu Padilha, le chef de cabinet du président par intérim Michel Temer.
"Malheureusement, a-t-il toutefois souligné, si des fonds supplémentaires ne sont pas libérés, alors les coupes budgétaires additionnelles affecteront les services offerts aux athlètes qui ont dédié des années de leurs vie pour participer à ces Jeux."
Or, le temps presse. Rio-2016 n'a que quelques jours pour donner des gages de transparence pour convaincre la justice.
"Ce qui affecte les Jeux paralympiques, c'est évidemment les faibles ventes de tickets et un manque de sponsors. Mais jusqu'à présent, nous n'avons pas été en mesure de chiffrer exactement combien d'argent nous allons avoir besoin", a expliqué le porte-parole de Rio-2016, Mario Andrada.
Un peu gênant. Car, comme l'a admis M. Andrada lui-même, "il est évident que pour qu'une entreprise privée reçoive de l'argent public, il faut suivre un certain nombre de règles, notamment sur les dépenses qui peuvent être couvertes par de l'argent public".
La question est sensible au Brésil, où le scandale de corruption Petrobras ébranle presque toute l'élite politique, trois ans à peine après les manifestations massives contre la lourde facture publique du Mondial-2014 de football.
-'Confiance affectée'-
Le Comité Rio-2016 a subi de plein fouet les conséquences de la sévère récession économique qui frappe le pays.
Son budget est passé de 4,2 à 7,4 milliards de réais entre 2009 et 2015 en raison de l'inflation et de l'ajout de quatre sports dans les programmes olympique et paralympique. Mais les recettes n'ont pas été à la hauteur, notamment les ventes de tickets pour les Paralympiques.
Son président, Carlos Nuzman, a obtenu début juin une avance de paiement sur le total de 1,5 milliard de dollars versé par le CIO au comité organisateur après les Jeux.
Et selon des sources proches du mouvement olympique, consultées par l'AFP, "les relations entre M. Bach et M. Nuzman début juin étaient très tendues, car M. Bach n'a pas reçu suffisamment d'explications sur la façon dont les premiers versements du CIO avaient été dépensés. La confiance entre les deux hommes en a été fortement affectée".
Certaines dépenses imprévues de dernière minute n'ont rien arrangé: à quelques jours de l'ouverture des Jeux, Rio-2016 a dû recruter en catastrophe des centaines d'électriciens et plombiers pour réparer les appartements défectueux du Village olympique où logent quelque 10.500 athlètes.
Avec AFP