Les lieux de culte fermés, les croyants tchadiens embrassent l'innovation technologique

Les lieux de culte sons vides depuis plus de deux mois, au Tchad, le 5 juin 2020. (VOA/André Kodmadjingar)

Au Tchad, la fermeture des lieux de culte le 20 mars dernier, l’une des mesures barrières contre la Covid-19, reste toujours en vigueur. Les fidèles musulmans, catholiques et protestants ont du mal à honorer leur engagement religieux.

Chaque vendredi et dimanche, les fidèles de trois confessions religieuses tournent en rond depuis plus de deux mois. Les mosquées, les églises et les temples restent fermés et les prières collectives sont interdites pour éviter la propagation du coronavirus.

"Quand tu te laves et tu portes ton boubou blanc pour aller à la mosquée, mais la mosquée est fermée. Quand on est malade, c’est Dieu qui guérit mais pas les remèdes qu’on donne à la personne", a déclaré à VOA Afrique, Toubou Mahamat Bokhit, président de l’Union nationale des jeunes étudiants chrétiens et musulmans des universités du Tchad.

Comme lui, beaucoup d’autres musulmans ont du mal à assurer leur devoir religieux: "la fermeture des mosquées et autres n’est pas une solution. Il faut que la mosquée soit ouverte pour permettre aux gens d’aller prier Dieu pour qu’il délivre l’humanité de cette pandémie".

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La fermeture des lieux de cultes est aussi durement ressentie pour les communautés chrétiennes.

Abbé Albert Moudinet Pabamé, Curé de la Paroisse Sainte Josephine Bakita d'Atrone 1, au Tchad, le 5 juin 2020. (VOA/André Kodmadjingar)

"Les fidèles catholiques ont vu s’arrêter cet exercice de foi mais la fermeture des lieux de culte a amené les fidèles à vivre l’expérience des premiers chrétiens où l’église était domestique", selon l'abbé Albert Moudinet Pabamé, curé de la paroisse Sainte-Joséphine Bakita d’Atrone 1.

Technologie aidant, certaines églises évangéliques locales utilisent les réseaux sociaux pour amener les fidèles chrétiens à ne pas s’éloigner de Dieu. C’est le cas de l’Église évangélique missionnaire au Tchad qui a créé un groupe WhatsApp pour ses membres.

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Pour Laldjim Célestin, administrateur et secrétaire général de la communauté, cette plateforme est une l’occasion d’exhorter les membres de sa communauté à la prière et à la méditation de la parole de Dieu.

"Il y a certains fidèles qui chancellent dans leur foi donc on a peur que cette pandémie puisse amener les gens à relâcher", a-t-il dit.

Selon les autorités médicales, la courbe épidémiologique est en baisse dans la capitale N’Djamena, mais gagne du terrain dans les provinces. Car sur 23 provinces, 15 sont déjà touchées par l’épidémie de coronavirus.