Les magistrats tunisiens déclenchent une grève

L'entrée du siège du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), à Tunis, le 6 février 2022 .

En Tunisie, les juges décident de suspendre les travaux dans les tribunaux pendant une semaine et d'organiser un sit-in pour protester contre le limogeage par le président Kais Saied de dizaines de leurs collègues magistrats.

Le juge Hammadi Rahmani, qui annonce cette décision, soutient qu'une réunion des juges a voté ce samedi 4 juin, à l'unanimité, la suspension des travaux dans tous les tribunaux et le début du sit-in.

Le président Kais Saied a limogé cette semaine 57 juges, les accusant de corruption et de protection des terroristes dans une purge du système judiciaire.

Le président tunisien Kais Saied, qui s'est octroyé les pleins pouvoirs en juillet dernier, a révoqué jeudi près de 60 magistrats; invoquant corruption et entrave à des enquêtes.

Une liste de 57 magistrats a été publiée au Journal officiel dans un décret justifiant leur révocation pour "dissimulation d'affaires terroristes", "corruption", "harcèlement sexuel", "collusion" avec des partis politiques et "perturbation du fonctionnement de la justice".

Parmi les magistrats limogés qui pourront faire l'objet de poursuites, on trouve un ancien porte-parole du pôle de lutte contre le terrorisme, un ancien directeur général des douanes et l'ancien président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Les révocations concernent aussi des magistrats soupçonnés d'avoir entravé l'enquête sur les assassinats en 2013 de deux dirigeants de gauche, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, imputés à des jihadistes.

Pour les détracteurs du chef de l'Etat, le limogeage des magistrats est la dernière étape lui permettant de resserrer son emprise sur le pouvoir dans ce pays d'Afrique du Nord.