Un garde-frontière jordanien s'empresse de le couvrir avec sa veste pour le protéger du froid du désert. Le garçonnet à la chevelure dorée ne cesse de pleurer.
Sa famille l'a abandonné à la frontière entre la Jordanie et la Syrie, pays ravagé depuis six ans par la guerre, raconte une femme qui se trouvait dans l'ambulance.
Le petit, qui souffre d'une fracture, sera ensuite transféré dans l'un des hôpitaux du royaume jordanien.
Environ 60.000 Syriens ayant fui les combats s'entassent dans un camp dans la zone tampon entre la Syrie et la Jordanie, selon l'ONU. Seul un petit kilomètre sépare leurs tentes blanches du centre médical ouvert en décembre 2016 par l'ONU à Rokbane, ville frontalière jordanienne.
Tous les jours, humanitaires et gardes-frontières transportent en Jordanie ceux qui ont besoin de soins, avant de les ramener au camp.
"L'ONU aide environ 15.000 familles syriennes coincées" dans la zone tampon, explique le porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Mohammad Al-Hawari, lors d'une visite organisée pour les journalistes.
"Le centre médical propose des soins de base et les cas plus complexes sont transférés dans les hôpitaux du royaume", précise-t-il, soulignant que 50 Syriens avaient été hospitalisés depuis la mi-février.
La situation humanitaire s'est considérablement dégradée dans cette zone depuis un attentat suicide mené en juin 2016 par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) contre l'armée jordanienne qui a perdu sept soldats.
La Jordanie avait dans la foulée fermé sa frontière avec la Syrie, la déclarant "zone militaire", et interdit temporairement le passage de toute aide vers les camps de fortune.
"La situation est très très difficile (...), j'espère retourner chez moi quand la situation sera plus calme", dit Maria, vêtue d'une robe noire poussiéreuse, à son arrivée au centre médical.
La jeune femme de 30 ans vit depuis neuf mois dans le camp après avoir fui Raqa, un fief de l'EI. "L'enfer de l'attente ici dans le désert est plus facile que le retour à la mort".
Maria raconte avoir perdu trois de ses enfants dans la guerre qui a fait plus de 310.000 morts depuis 2011 et jeté sur les routes des millions de personnes.
"La vie est très dure ici, nous vivons dans le désert", surenchérit Maha, la trentaine, les cheveux recouverts d'un foulard noir bordé de vert.
"Il fait très froid, il y a beaucoup de maladies dans le camp", ajoute-t-elle, entourée de ses quatre enfants âgés entre 2 et 12 ans.
Dans cette zone désertique, les températures tombent sous zéro l'hiver et peuvent avoisiner les 50 degrés celsius l'été.
Le centre médical a traité 785 malades depuis sa création. Le royaume jordanien accueille plus de 650.000 réfugiés syriens selon l'ONU, 1,4 million selon les autorités du royaume.
Oum Rimass, arrivée il y a plus d'un an dans le camp, entre au centre médical avec sa fille d'un an et demi très légèrement vêtue et des larmes coulant sur ses joues. Elle explique à l'infirmier que sa petite souffre de vomissement et de diarrhée. L'infirmier la rassure: cela est "juste" dû au froid.
Près du monticule de terre de deux mètres de haut qui sépare la Syrie et la Jordanie, gardes-frontières et véhicules militaires sont déployés.
Ici, dix-huit femmes et leurs enfants attendent d'être conduits au centre médical.
"Je passe ma journée avec les enfants en les conduisant à la clinique", raconte Salah Khdeir qui participe à la distribution d'aide. "Tant qu'ils vont bien, je me porte bien", ajoute-t-il.
Mais, selon lui, le malheur de ces enfants ne se limite pas au manque de nourriture et de soins. Beaucoup sont séparés de leurs parents comme quatre frères qui se trouvent à ses côtés.
Avec AFP