RDC

Les manifestations anti-Monusco ont fait au moins quatre morts à Goma

Des manifestants congolais allument un feu devant un entrepôt de la MONUSCO à Goma, dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, le 25 juillet 2022.

Selon les organisateurs de la manifestation, l'objectif était d'exprimer un ras-le-bol collectif face à la présence continue des militaires de l'ONU, jugés inefficaces face à l'insécurité. Certaines zones de Goma restent barricadées.

Ce mardi 26 juillet, des artères de la ville de Goma restent bloquées par des barricades érigées la veille par des manifestants. Des tirs de sommation sporadiques continuent à se faire entendre dans certaines sections de la commune de Karisimbi, où les manifestants continuent à déferler sur une des principales bases logistiques de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco).

Selon un bilan provisoire établi par les activistes, quatre personnes ont perdu la vie depuis le début des manifestations, et des dizaines de blessés ont été recensés dans des centres hospitaliers.

Tout est parti d'une étincelle la veille.

Malgré le communiqué de la mairie de Goma interdisant toute manifestation contre les forces onusiennes, plusieurs dizaines des manifestants se sont mobilisés lundi pour un rassemblement à la base militaire de la Monusco située au quartier Les Volcans. La foule, devenue progressivement incontrôlable, a pris d'assaut la base, certains manifestants allant jusqu'à piller et saccager des biens. Le personnel de la Monusco a été évacué par deux hélicoptères face a l’agressivité des manifestants.

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Manifestation contre la Monusco à Goma: de nombreuses interpellations

Selon les organisateurs de la manifestation, l'objectif était d'exprimer un ras-le-bol collectif face à la présence continue des militaires de l'ONU, jugés inefficaces face à l'insécurité. Financée à hauteur de plus d'un milliard de dollars par an, la Monusco (ex-Monuc) est présente en RDC depuis une vingtaine d'années. En 2018, ses effectifs (civils et militaires compris) s'élevaient à plus de 34.000 personnes, selon une fiche publiée par l'ONU en 2021. Dans le même temps, selon les critiques, les attaques des groupes armés - notamment sur les civils - n'ont pas cessé.

"Nous avons jugé bon de lancer notre campagne dénommée 'Bye-bye MONUSCO'. Celle-ci consiste à réclamer le départ de cette force onusienne", a expliqué Kakule Bin Sankara, l'un des initiateurs de la manifestation de Goma. "Il y aura mille et une autres actions si la Monusco persiste", a-t-il ajouté.

Des politiciens indexés

Même si la revendication du départ de la Monusco bénéficie d'un large soutien, certains activistes estiment que recourir à la violence, c'est aller trop loin.

"Nous demandons tout simplement à la Monusco bien-sûr de partir, mais aussi à la population d'être patiente et ne pas poser des actes de vandalisme et destruction des sièges de la Monusco, par qu'elle est entrain de partir, et c'est une obligation impérative", a confié Christian Kabemba, un acteur politique à Goma. "Nous croyons que les 22 ans de son existence sur notre sol est un échec, et donc c'est imminent que la Monusco puisse quitter notre territoire", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué publié lundi, la force onusienne a "vigoureusement" dénoncé l'assaut donné contre ses installations à Goma. "La Mission est très préoccupée par ce très grave incident qui intervient au lendemain de propos hostiles et de menaces non voilées émis de la part d’individus et groupes à l’encontre des Nations Unies", a poursuivi le communiqué.


Le 15 juillet, le président du Sénat de la RDC, Modeste Bahati Lukwebo, avait exigé le départ de la Monusco lors d'un voyage à Bukavu et à Goma. "Elle doit plier les bagages", avait-il lancé, ajoutant: "Nous-mêmes nous allons assurer la paix, la sécurité et l’intégrité du territoire".

Des propos décriés par le président de la société civile de Goma, Marion Ngavo: "Au lieu d'en découdre avec la Monusco suivant le processus normal, certains politiciens viennent dans des meetings évoquer cette question du départ. La population en avait marre, mais ce discours politique dans le meeting à envenimé la situation", a-t-il regretté.