Les morts de civils discréditent les missions militaires des Etats-Unis en Afghanistan

L'organisation de George Soros, fondateur de Open Society Foundation, démontre que l'intervention militaire américaine contribue a la montee des talibans, ici en photo le 24 septembre 2011.

Les Etats-Unis sous-estiment l'impact à long terme des morts de civils sur leurs missions militaires et ont échoué à tirer les leçons de 15 années d'engagement en Afghanistan selon l'Open Society Foundations.

L'armée américaine s'est pourtant engagée à éviter les pertes civiles, les frappes erronées ou les cibles mal identifiées. Mais des engins non explosés ou des partenaires sans scrupules l'ont souvent conduite à tuer des civils en Afghanistan, en Irak, en Syrie ou ailleurs.

Selon ce rapport du réseau Open Society Foundations, fondé par le milliardaire américain George Soros et qui promeut la bonne gouvernance démocratique, ces morts civiles ont gravement discrédité la mission des Etats-Unis en Afghanistan et ont contribué à la montée des talibans.

"Ces victimes civiles ont accéléré l'insurrection et discrédité les gouvernements américain et afghan", affirme l'ancien combattant de l'Armée de terre américaine Christopher Kolenda, co-auteur de ce rapport.

"C'est comme brûler une bougie par les deux bouts avec un chalumeau", estime-t-il.

Parmi les "principaux facteurs" de ces morts civiles figurent les frappes aériennes non planifiées pour soutenir les soldats au sol.

En Afghanistan en 2008, par exemple, les frappes aériennes ont été responsables de 64% des 828 civils tués par des forces pro-gouvernementales et 26% des civils tués au total.

"Les frappes (...) sur des cibles surveillées depuis un certain temps et menées à la suite d'un comportement jugé suspect sont particulièrement inquiétantes", affirme le rapport.

Le rapport dénonce aussi des partenaires "prédateurs" en Afghanistan qui peuvent "agir en toute impunité ou presque en raison de leur étroite et très visible proximité avec l'armée américaine".

Les auteurs font plusieurs recommandations, comme la mise en place de "cellules de protection des civils" pour les surveiller et communiquer avec les commandants militaires pour améliorer les prises de décision sur le champ de bataille.

L'armée devrait aussi "éviter les dénis et communiquer à temps et clairement sur les enquêtes" à propos de ces morts civiles, suggère le rapport.

Ce document reconnaît que le Pentagone a fait des progrès dans la protection des civils mais critique les pays partenaires.

"Au Yémen, en Irak, en Syrie et au Pakistan, les forces américaines sont de plus en plus confrontées à un environnement opérationnel et de ciblage difficile et ont pris des mesures importantes pour protéger les civils", admet le rapport.

Mais "d'autres parties au conflit ont montré un froid mépris pour la vie des civils, avec des crimes de guerre inqualifiables, en Syrie notamment".

Avec AFP