Comment rendre compte des événements en cours à Gaza ? Pour de nombreux médias internationaux, cette question s’apparente à un véritable casse-tête. Tant il ne semble pas y avoir de réponse facile en raison notamment de la complexité du conflit.
Avec la brutalité des combats, se rendre sur le terrain relève désormais d’un exercice périlleux. Une vingtaine de journalistes, dont certains spécialement pris pour cible, y ont déjà été tués, depuis le début des hostilités, selon Reporters sans frontières (RSF).
Des médias tels que BBC, Reuters, Al Jazeera et l'AFP, sur place avant la résurgence des affrontements le 7 octobre dernier, ont vu leurs lieux de travail détruits par des bombardements.
Accusations de propagande
Face à cette situation qualifiée de blackout médiatique par RSF, les rédactions s’organisent afin d’assurer leur devoir d’information. CNN, la chaîne de télévision américaine du groupe Warner, dit avoir consenti à ce que l’armée israélienne contrôle son travail, avant d’accéder au théâtre des opérations côté israélien.
"Pour pouvoir entrer à Gaza avec le soutien aérien de Tsahal (l’armée israélienne), les médias doivent soumettre tous les documents et images à l'armée israélienne pour examen avant leur publication. CNN a accepté ces conditions", a révélé le journaliste de la chaîne, Fareed Zakaria, dimanche 5 novembre 2023, en ouverture d’un reportage.
De quoi susciter l’indignation sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont accusé le média de faire de la propagande pour Israël. D’autant qu’une de ses journalistes, Sara Sidner, a dû se confondre en excuses le 12 octobre 2023 sur X (ex-Twitter) pour avoir relayé sans recoupements préalables des "décapitations" présumées "de bébés par le Hamas".
Narratif décrié
Les mêmes accusations de manque de vérification ont visé le New York Times, l’AFP et la BBC à propos du bombardement de l’hôpital Al-Ahli à Gaza, le 17 octobre 2023. Après avoir dans un premier temps attribué l’attaque à Israël en reprenant la version du ministère de la Santé du Hamas, ils ont dû faire machine arrière face aux démentis de l’État hébreu.
Par ailleurs, l’AFP et la BBC ont été critiquées en France par des personnalités politiques, et au Royaume-Uni (par la plus grande organisation juive du pays) pour avoir refusé de qualifier le Hamas de mouvement terroriste. Un principe de neutralité remontant à l’après 11 Septembre, se défend le directeur général de l’agence de presse française, Fabrice Fries.
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"Nous ne sommes pas parfaits. La collecte d’informations en temps réel est parfois acrobatique (...) Nous faisons parfois des erreurs, des choix imparfaits", indique encore l’AFP, qui pointe la guerre Israël-Hamas comme "un des sujets les plus difficiles et les plus clivants qu’elle ait eus à couvrir".