Les observateurs de l'UE publient un rapport critique sur les élections kéyanes

Le président kenyan Uhuru Kenyatta, au centre, prête serment au côté de Margaret, à droite, à Nairobi, Kenya, le 28 novembre 2017.

Les observateurs électoraux de l'Union européenne ont publié mercredi un rapport final très critique sur le scrutin présidentiel kényan de 2017 qui accuse notamment les responsables politiques d'avoir "nui" au processus électoral et dont la présentation à Bruxelles a provoqué l'ire de Nairobi.

Le président Uhuru Kenyatta a été réélu à l'élection du 26 octobre, boycottée par l'opposition, au terme d'un feuilleton électoral à rebondissements: sa victoire lors d'un premier scrutin organisé le 8 août, auquel l'opposition avait participé, avait été invalidé en justice pour irrégularités dans la transmission des résultats.

"Plein d'espoir pour ces élections, les Kényans ont finalement connu de multiples déceptions", a déclaré la chef de la mission d'observation, la Néerlandaise Marietje Schaake, une députée européenne, lors d'une conférence de presse retransmise sur internet. "Le Kenya reste profondément divisé".

Très critique, le rapport a été présenté à Bruxelles et non, comme prévu, dans le pays concerné, fait rare pour une mission d'observation de l'UE. Mme Schaake a indiqué dans un courriel adressé à l'AFP avoir initialement "prévu de voyager cette semaine, mais le gouvernement (kényan, ndlr) n'était pas prêt à nous recevoir. Je ne peux pas m'exprimer en leur nom quant à leurs motivations".

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L'ambassade du Kenya a répliqué en accusant Mme Schaake d'avoir publié le rapport en dépit de "consultations" sur la date de sa publication et en dénonçant un "comportement dédaigneux et condescendant".

"Les élections générales de 2017 ont été caractérisées par une course à la présidentielle longue et dommageable, qui a coûté des vies et affaibli le fonctionnement démocratique du Kenya", a affirmé dans ce rapport la mission de l'UE. "Le processus électoral a été endommagé par les leaders politiques, qui ont attaqué des institutions indépendantes, et par un manque de dialogue entre les deux camps".

Le camp Kenyatta s'était fendu de menaces contre la justice kényane après l'invalidation de sa réélection, tandis que le camp de l'opposant Raila Odinga n'a cessé de critiquer la commission électorale. Les deux camps ont par ailleurs échangé de multiples invectives.

Au moins 90 personnes ont été tuées dans les violences ayant accompagné le processus électoral, en grande majorité dans la répression de manifestations de l'opposition par la police, selon des organisations de défense des droits de l'homme.

Le système électronique mis en place pour limiter les possibilités de fraude aura finalement alimenté les accusations de fraude, a souligné Mme Schaake, évoquant notamment des "tests insuffisants en terme de capacité et de sécurité". "La technologie ne peut pas remplacer la confiance".

Mme Schaake a cependant noté des améliorations dans la conduite de l'élection d'octobre, par rapport à celle d'août, avec notamment un processus de transmission et de comptage des résultats "plus transparent".

La mission d'observation a conclu en présentant 29 recommandations pour améliorer le prochain scrutin présidentiel, prévu en 2022.

Avec AFP