Portails fermés, policiers en civil devisant devant les bâtiments des commissariats, c’est ce qui était visible depuis lundi devant les hôtels de police comme ce fut le cas du commissariat de l’arrondissement de Nongremasson ou une usagère dépitée, rebroussait chemin.
"Je voulais légaliser la photocopie de mon passeport pour un document, je ne sais pas ce qui se passe le monsieur m’a salué et m’a dit madame, revenez demain il n'y a pas travail", explique une citoyenne.
Un tour au commissariat central de la ville rappelle les mêmes scènes.
"Je suis venu pour la légalisation de quelques pièces au commissariat central, les policiers assis juste à l’entrée m’ont informé qu’ils étaient en mouvement d’humeur et que ce n’est qu'après-demain que le service reprend", explique une citoyenne.
"Je suis venu au commissariat pour faire la légalisation des papiers, mais je ne sais pas pourquoi c’est fermé", ajoute une autre citoyenne.
Devant le commissariat central, le gérant du parking habituellement très occupe à garer des engins des usagers, ne décolérait pas.
Pascal Balirabou, gérant principal du parking du Commissariat, explique que "depuis lundi, il y a un arrêt de travail au niveau du commissariat".
"Ce que je veux demander, il faut que l’état s’impose. Sinon nous la population aujourd’hui, si on dit, on veut vivre la démocratie et si c’est cette démocratie, on doit vivre et laisser à nos enfants si les choses doivent se passer comme ça, l’avenir est très sombre".
Selon nos informations recoupées, ce mouvement d’humeur serait dû à l’assassinat de deux policières victimes d’une vindicte populaire dans le village de Nafona dans la région des cascades à l’Ouest du pays. Seulement, impossible d’arracher un mot officiel de ces policiers qui arboraient la mine des mauvais jours. Au commissariat central, ils étaient peu bavards.
"Nos services sont fermés", lance un garde.
Le commissaire central n’a pas souhaité s’exprimer. Plus tard, c’est le syndicat de la police UNAPOL qui a pris la parole. Il est important de respecter le corps de la police et la vie des policiers a estimé le secrétaire général de l’organisation.
"Quel que soit le motif allégué par la population, aucun motif ne peut justifier un tel lynchage des hommes porteurs des tenues de la république et qui sont à une mission", confie Armiyaho Zongo, secrétaire-général UNAPOL.
"Ce qui s’est passé à Nafona est inadmissible et intolérable dans un état de droit. Dans un contexte sécuritaire aussi délétère qu’inquiétant la population doit être un appui aux forces de l’ordre dans la lutte contre le terrorisme et non un problème de plus à gérer", souligne Rachid Palenfo, secrétaire-général adjoint UNAPOL.
L’UNAPOL trouve que les policiers sont abandonnés, a dénoncé le silence de la hiérarchie et du gouvernement en appelant à cet arrêt de travail.
Cette crise est les conséquences de l’assassinat par la foule à Nafona après le décès accidentel d’une habitante de la localité sur des tirs de sommation d’un policier qui aurait été sérieusement menacé en pleine mission d’interpellation.