Les Bavarois de la CSU réclamaient depuis deux ans à Mme Merkel de plafonner à 200.000 les arrivées annuelles de demandeurs d'asile enAllemagne, ce que la chancelière refusait au nom de principes humanitaires et constitutionnels.
Or, pour la droite de sa famille conservatrice, sa décevante victoire aux législatives de septembre et la percée historique de l'extrême droite sont dues à la trop grande générosité de l'Allemagne, qui a accueilli plus d'un million de migrants en 2015-2016.
Au final le compromis annoncé dimanche prévoit non pas un plafond mais un objectif chiffré de 200.000, une sorte de limite "light" qui ne portera pas sur les arrivées aux frontières mais sur les flux de réfugiés que pourra contrôler le gouvernement, comme les arrivées via les quotas de l'UE ou les regroupements familiaux. Le principe du droit d'asile ne serait donc pas remis en cause.
L'objectif pour Angela Merkel est que son parti la CDU et la CSU abordent unis les difficiles négociations à venir pour former une majorité avec les Verts et les libéraux du FDP. Sans eux, la chancelière ne pourra pas bâtir son quatrième gouvernement, ce qui ouvrirait la voie à des législatives anticipées.
Mme Merkel et le chef des conservateurs bavarois Horst Seehofer doivent expliciter leur réconciliation lundi midi en conférence de presse.
Signe des difficultés que la chancelière rencontrera pour faire cohabiter toutes ces formations sous un même toit, les écologistes se sont montrés dubitatifs face à l'arrangement entre conservateurs.
"C'est peut être la position de la CDU/CSU mais ce ne sera pas celle d'un futur gouvernement", a lâché lundi matin le co-président des Verts, Cem Özdemir. "Je suis curieux de voir comment ils vont essayer de nous vendre ça", a-t-il ajouté.
'Pure forme'
La cheffe des députés écologistes Katrin Göring-Eckardt a elle jugé que l'accord CDU/CSU avait tout d'un "compromis de pure forme" pour paraître uni face aux Verts et aux libéraux.
Du côté du FDP, la vice-présidente Marie-Agnes Strack-Zimmermann s'est montrée prudente, se réjouissant que les conservateurs "se parlent enfin de nouveau" tout en qualifiant leur compromis de simple "première base avant les (véritables) pourparlers sur la (formation) du gouvernement".
Conservateurs, Verts et libéraux ont tous assuré vouloir essayer de trouver un accord de gouvernement même s'ils s'opposent sur de nombreux sujets de fond.
Formellement, ces négociations, qui pourraient durer des mois, ne commenceront qu'après une élection régionale en Basse-Saxe dimanche. Le scrutin est à haut risque pour la CDU qui, après avoir été longtemps donnée en tête dans les sondages, est désormais au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates (SPD).
Un résultat mitigé ou une défaite n'arrangerait pas les affaires d'Angela Merkel après sa victoire décevante aux législatives du 24 septembre lors desquelles son parti a enregistré, avec 32,9% des voix, son pire score depuis 1949.
Avec AFP