L’assouplissement des mesures restrictives ne semble pas avoir d’effet sur le secteur de la restauration à Lomé. Dans la capitale togolaise, les restaurants broient du noir.
Depuis le 9 juin, date à laquelle le gouvernement togolais a levé le couvre-feu, les clients se font rares et parfois inexistants. C'était le cas le week-end dernier au restaurant Café Loft. Jusqu’à 22 heures, aucun client en vue. C’est dans son costume trois pièces sur mesure que le gérant Johnny Dossavi a attendu désespérément.
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"Le couvre-feu est levé, on travaille en plein temps, mais les clients ne sont pas encore habitués à ressortir les soirs", confie le restaurateur. "Pas de clients, mais on consomme toujours autant d’électricité, la salle est climatisée et tout. On est là et il n’y a personne", se désole-t-il.
Les mesures restrictives imposées pour contenir la propagation du virus ont engendré un manque à gagner considérable aux métiers de la bouche.
"A partir de mars, on a connu pratiquement 80% de baisse de notre chiffre d‘affaires", se lamente Raïmi Ramanou, responsable du restaurant Cloud 9.
Même son de cloche au restaurant Pizzeria Balkan.
Une période de baisse de recettes mais au cours de laquelle il faut également investir, souligne Emmanuel Mensah, responsable marketing du groupe Balkan et Wings 'n Shake.
"Il fallait que nous respections un certain nombre de mesures, ce qui nous a obligé à diminuer les couverts", explique M. Mensah. "Durant la même période il fallait réinvestir, pour s’offrir les dispositifs de lave-mains et aussi acheter les gels hydro alcooliques", dit-il.
Cette baisse drastique du chiffre d’affaires a contraint certains restaurants à mettre la clé sous la porte.
Pour ceux qui résistent encore, l’accent est mis sur le respect des gestes barrières pour rassurer et attirer les clients.
"En interne, nous avons essayé d’appliquer de manière stricte les mesures de distanciation. Le port du masque obligatoire pour nos employés. Nous avons été obligés même de laisser, à cause de Covid, un certain nombre de services que nous fournissons, par exemple les buffets. Nous avons mis des lave-mains déjà disponibles à l’entrée du restaurant, sans compter des gels hydro-alcooliques qui sont disponibles", a cité Emmanuel Mensah.
Lire aussi : Des écologistes togolais déplorent l'absence de stratégie pour la gestion des masques usés"J’exhorte les gens à sortir, pas pour des bains de foule. S’ils constatent qu’il y a de l’espace entre les tables, les gestes barrières sont respectés, ils peuvent nous faire confiance", explique Johnny Dossavi. "Ce serait déjà bien que les gens comprennent que le Covid ne va pas disparaitre du jour au lendemain, il faut qu’on apprenne à vivre avec", soutient-il.
Conscients que la crise sanitaire est loin de connaitre son épilogue, certains innovent et diversifient leur offre.
"Nous voudrions bien, dans une démarche stratégique, créer de nouvelles attractions, créer de nouveaux services, alliés au service repas, pour que nous tirons notre épingle du jeu", a confié Raïmi Ramanou, responsable du restaurant Cloud9, les projets plein la tête.
Pour sa part, le gouvernement togolais vient d’annoncer des allègements fiscaux en faveur des secteurs qui paient le plus lourd tribut face à la pandémie du coronavirus.
Les hôtels et les restaurants vont bénéficier d’une réduction spéciale de 25% sur l’acompte de la patente.