Les Rolling Stones en concert à Cuba

Les Rolling Stones : Ronnie Wood, Mick Jagger, Charlie Watts, et Keith Richards au Barclays Center à New York, Decembre 2012.

Lorsque les Rolling Stones feront sonner leurs premières notes à La Havane vendredi, des murs de baffles cracheront leurs décibels vers des centaines de milliers de fans.

Dans les années 1980, Ricardo Gutierrez, lui, devait se cacher pour écouter du rock."Vous deviez aller dans une pièce et fermer la porte. Et régler le volume vraiment très bas", se remémore cet ancien militaire de 48 ans qui gagne désormais sa vie comme chauffeur de taxi à La Havane. "Personne ne devait vous entendre."

Le concert géant des Rolling Stones, qui survient trois jours après une visite historique de Barack Obama, n'est pas qu'une affaire de musique à Cuba. Pour certains, l'évènement est même plus important que la venue du président américain.

Dans les décennies 1960, 1970 et une bonne partie des années 1980, les autorités communistes ont véritablement banni de l'île cette musique considérée comme un "instrument subversif yankee".

Aujourd'hui, même si ces restrictions ont disparu, Cuba accuse un retard conséquent en termes de culture rock et beaucoup voient dans ce concert l'opportunité d'une mise à jour libératrice.

"Un concert des Rolling Stones à La Havane ? C'est un rêve!", confie Eddie Escobar, fondateur du Sous-marin Jaune, un des rares bars de la capitale cubaine où se produisent des groupes rock.

"La musique rock, j'espère, ouvrira tout le reste - la politique, l'économie, internet. On a 20 ans de retard sur absolument tout", s'exclame cet homme de 45 ans arborant boucle d'oreille et queue de cheval.

Pour ce concert exceptionnel, les Rolling Stones ne feront pas payer le public, leurs tarifs habituels ne correspondant pas vraiment aux standards cubains.

Car l'évènement est rarissime dans une île où seuls quelques groupes américains ont pu se produire ces dernières années.

Auparavant idéologiques, les barrières concernent désormais des questions financières et logistiques, ainsi que les restrictions de l'embargo américain, qui reste en place malgré le rapprochement engagé fin 2014 avec les Etats-Unis.

Les organisateurs ont indiqué au magazine spécialisé Billboard que 61 conteneurs avaient dû être acheminés par la production, qui a également dépêché à La Havane une équipe de 350 personnes. Une obligation dans une île qui manque de tout.

Fan de rock, M. Gutierrez, ne se rendra pas au concert. Pour lui la du fièvre rock and roll est passée.

"Ils nous offrent les vieux Rolling Stones aujourd'hui, mais lorsqu'ils étaient vraiment les Rolling Stones on nous les interdisait. On a raté le train".

Avec AFP