C’est un navire battant pavillon camerounais impliqué dans les activités de pêche illicite l’an dernier hors des eaux camerounaises qui a entraîné la sanction de l’Union européenne. En conséquence, aujourd'hui, les crevettiers nationaux ne ravitaillent plus que le marché local.
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"La crevette, c’est un des produits exportés par le Cameroun. Du coup, si nous ne pouvons pas exporter, vous voyez quel impact ça peut causer, explique Louis Martin Imoulanok, président de la plateforme crevettes du Cameroun. Les opérateurs sont découragés parce que certains ne venaient au Cameroun que pour faire de l’exportation des crevettes. Et quand ils ne peuvent pas exporter, ils sont obligés d’aller voir ailleurs, donc ce carton rouge a un impact sur l’économie du Cameroun."
Certaines propositions ont été faites au gouvernement pour la reprise des exportations vers l’Union européenne. "Nous avons suggéré au gouvernement de revoir la loi sur la pêche au Cameroun parce qu'elle date de 1994 et ne parle pas beaucoup de la pêche, précise Louis Martin Imoulanok. Il nous faut une loi spécifique pour la pêche. Il faut aussi améliorer les conditions sanitaires qui peuvent nous donner un avantage sur l’exportation des crevettes du Cameroun et travailler avec l’Etat pour voir comment on peut labelliser la crevette camerounaise."
Mais la principale exigence de l’UE porte sur l’immatriculation des navires qui battent pavillon camerounais et pratiquent la pêche illicite hors des eaux camerounaises.
"Au lendemain du carton rouge, il a été décidé de suspendre toute immatriculation des navires de pêche au Cameroun, jusqu’à nouvel avis afin de pouvoir sortir le Cameroun du carton rouge en 2023", rapelle Badai Elie, chef de la brigade du contrôle et surveillance des activités de pêche au Cameroun. Sur la lutte contre la pêche INN en 2023, ce responsable du ministère des pêches révèle que, "le Cameroun a reçu plusieurs notifications des pays et des organisations qui ont permis d’interpeller quinze navires mais seuls quatre ont été sanctionnés."
Le Cameroun doit aussi nécessairement se défaire de sa réputation de havre pour les pavillons de complaisance, soutient Aristide Takoukam Kamla, président de l'African Marine Mammal Conservation Organization (AMMCO). La Cameroun "enregistre les bateaux étrangers sans prendre la peine de vérifier leurs antécédents de pêche" et devient "un refuge pour les navires qui ne veulent pas se conformer à la pêche durable."
Les autorités sont aussi interpellées sur les mécanismes de contrôles des activités de la pêche dans et hors des eaux camerounaises. "Nos textes sont faibles, les sanctions ne sont pas à la hauteur des normes internationales, regrette Badai Elie. Il y a aussi la faiblesse des moyens de déploiement notamment les vedettes de surveillance, les deux que nous avions sont obsolètes, il faut les réhabiliter."
D’après les autorités, les équipements de surveillance satellitaires et de radars du Cameroun ont par ailleurs été piratés. D’ici la fin de l’année, le pays compte acquérir un nouveau système de suivi, de contrôle et de surveillance des activités de la pêche. L’examen de la nouvelle loi sur la pêche par l’assemblée nationale pourrait d'autre part se faire en juin.