Les services secrets, hackers et sociétés visés par les sanctions américaines

Barack Obama part après avoir parlé aux journalistes pour sa dernière conférence de presse, le 16 décembre 2016.

Les puissants services de renseignement russes, des sociétés informatiques peu connues et deux jeunes hackers sont les cibles des nouvelles sanctions annoncées jeudi soir par Washington.

Les services secrets

Les deux poids lourds sur la liste sont le FSB, le Service Fédéral de sécurité russe (ex-KGB) et le GRU, service de renseignement militaire, qui font l'objet de sanctions économiques de même que quatre dirigeants du GRU, dont son chef Igor Korobov.

Le GRU est accusé par la Maison Blanche d'avoir "falsifié, altéré (...) des informations avec l'objectif ou pour effet d'interférer dans le processus électoral américain en 2016".

Dépendant du ministère de la Défense, le GRU comprend entre autres un département chargé de mener des opérations de guerre informatique.

Le FSB est soupçonné d'avoir "aidé" le GRU dans cette opération.

Héritier de la Commission extraordinaire soviétique (Tchéka) fondée en décembre 1917 par le Bolchéviks pour empêcher la contre-révolution et les actes de sabotage, le FSB est aujourd'hui notamment chargé de lutter contre la corruption, le terrorisme et l'espionnage, y compris à l'aide des écoutes.

"Les services spéciaux russes ont un bon niveau technique et le potentiel" nécessaire pour mener un piratage informatique comme celui dont Washington les accuse, assure à l'AFP Oleg Demidov, expert de cybersécurité.

"Mais aucune preuve technique n'appuie pour l'heure la version selon laquelle ils en seraient les auteurs", souligne-t-il.

Des entreprises peu connues

Trois entreprises russes accusées d'avoir apporté une "aide matérielle" aux services secrets pour le piratage informatique sont la cible de sanctions financières et juridiques.

La première, "Unité professionnelle des constructeurs de systèmes informatiques", est inconnue du grand public mais travaille avec le ministère de la Défense et les douanes russes.

Fondée en 1990, cette société basée à Moscou conçoit des logiciels et fabrique des scanners et des équipements informatiques, utilisés notamment pour le recensement de la population et le décompte des bulletins de vote lors d'élections.

La deuxième, le "Centre technologique spécial" basé à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), se présente comme "la principale entreprise de fabrication de systèmes de contrôle radiologique en Russie" et compte parmi ses clients les ministères de l'Intérieur et de la Défense, ainsi que le FSB.

Enfin, la société "Arme et défense numériques", fondée en 2012 par une ancienne employée du laboratoire de sécurité informatique Kaspersky, vient compléter la liste.

Selon des médias russes, cette société fait du "piratage légal", en essayant de pénétrer dans les ordinateurs de grandes entreprises à leur demande pour vérifier la solidité des systèmes de sécurité.

Elle compte parmi ses clients plusieurs ministères russes, dont celui de la Défense et des Télécommunications.

Des hackers

Sans rapport avec les accusations de piratage informatique lié à la présidentielle américaine, deux hackers russes, Evgueni Bogatchev et Alexeï Belan, recherchés depuis plusieurs années par le FBI, font aussi l'objet de sanctions, les autorités américaines ayant annoncé que leurs avoirs aux Etats-Unis étaient saisis.

Selon le FBI, M. Bogatchev, 33 ans, connu sous les pseudonymes de Lastik (gomme élastique), Monstr ou encore lucky12345, fait partie du groupe responsable de la propagation sur les réseaux sociaux en 2007 du virus "Gameover Zeus" visant notamment à voler des données bancaires.

Pour sa part, Alexeï Belan, 29 ans, connu sous les pseudonymes Abyrvalg, Anthony Anthony ou Mag, est accusé par les forces de l'ordre américaines d'avoir piraté entre janvier 2012 et avril 2013 les ordinateurs de trois grands magasins en ligne aux Etats-Unis et d'avoir volé les bases de données de leurs clients.

Le FBI offre une prime allant jusqu'à 3 millions de dollars pour l'arrestation de M. Bogatchev et 100.000 dollars pour celle de M. Belan.
Avec AFP