Pour le gouvernement de Patrice Talon qui évoque le sujet depuis un temps, la mise en concession des sociétés d'État serait la solution idoine pour restaurer et remettre sur les rails ces sociétés dont la plupart végètent dans une médiocrité sans nom.
Les syndicalistes perçoivent cette décision comme totalement en désaccord avec les promesses électorales.
En effet, depuis quelques jours, l'actualité au Bénin est marquée par l'annonce de la mise en concession de certaines sociétés d'État.
Il était déjà reproché au gouvernement sa gestion aveugle et son insensibilité face aux plaintes des populations qui crient chaque jour à la misère et au chômage.
Basilia Odjoube, secrétaire général du Syntra CNHU, s'insurge contre la mise en concession du plus grand hôpital du Bénin et appelle les travailleurs à se mobiliser pour sauver leur gagne-pain.
"Le gouvernement ne doit pas hypothéquer l'avenir de plusieurs familles qui dépendent de cet emploi," déclare M. Odjoube.
Son collègue Théophile Dossou du même secteur voit aussi d'un mauvais œil cette volonté manifeste du gouvernement de confier la gestion des sociétés d'État aux particuliers qu'ils soient nationaux ou étrangers.
" Les propositions faites dans le cadre de cette mise en concession du plus grand 'hôpital public du pays sont bourrées de paradoxe et méritent que le chef de l'État s'y penche personnellement au risque de renvoyer à la rue des centaines d'employées," M. Dossou.
Sem Michel Amadidjè, expert certifié en audit interne, émet quant à lui quelques inquiétudes quant à la procédure qui permettra de mettre en concession ces entreprises.
" L'État doit veiller à ce que le processus ne laisse place à une crise sociale aiguë quand on sait qu'actuellement les populations béninoises se plaignent de l'amenuisement du pouvoir d'achat et d'une misère galopante," soutient M. Amadidjè.
Les syndicalistes dans tous les secteurs se mobilisent et appellent le peuple à se lever pour exiger du gouvernement de la clarté dans la gestion publique.
" L'État a manqué à sa promesse et s'emploie à tout faire dans la discrétion," se plaint Moudassirou Bachabu de la CGTB.
Plusieurs actions sont prévues dans les prochains jours par les centrales syndicales pour dénoncer le silence du gouvernement sur les urgences de l'heure.
Et, l'absence prolongée et injustifiée du président Patrice Talon du territoire national n'arrange pas les choses et laisse enfler la polémique sur la gestion sans boussole et sans un plan convaincant du pays.
Reportage de Ginette Fleure Adande à Cotonou pour VOA Afrique