Prévue pour une distance de plus de 2 kilomètres sur l’avenue principale de la ville de N’Djamena, la marche des victimes de l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré pour exiger du gouvernement leur indemnisation a très vite tourné à l’émeute.
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Ces victimes, brandissent des banderoles et pancartes sur lesquelles on peut lire entre autres "Nous, victimes du régime d’Hissène Habré, revendiquons notre indemnisation... Payez impérativement notre argent, ne continuez pas à nous tuer". A quelques mètres du point de départ, et la police surgit et tente de convaincre les manifestants de renoncer à la marche. Mais la tension était vive.
Les victimes s’entêtent et avancent progressivement vers le centre-ville, notamment l’hôtel de ville, choisi comme point de chute de cette manifestation pacifique. Le renfort de la police arrive et stoppe le cortège devant deux grands lycées de la capitale.
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Quelques élèves et des badauds entrent dans la danse et les deux voies sont bloquées. La police fait usage de gaz lacrymogène. Colère et indignation des victimes. Elles déclarent : "Les victimes d’Hissène Habré deviennent les victimes d’Idriss Déby. Et c’est exactement ce que Hissène Habré a dit. Il dit qu’il a laissé une paire de sa chaussure ici au Tchad. Voilà l’exemple qui est là devant vous".
Ces victimes insistent :"nous sommes pacifiques mais c’est la police elle-même qui a créé cette situation", déplore une autre victime.
Repliées dans leur quartier général, l’émotion est à son comble. Les femmes âgées qui aspirent le gaz lacrymogène, respirent à peine. Le président de l’association des victimes des crimes du régime d’Hissène Habré. Clément Ndokot Abaifouta, qualifie d’inhumain, l’acte perpétré contre ces personnes de troisième âges.
Pour lui, "si les gens qui manifestent pacifiquement les mains sur la tête, réclamant leur droit, on peut les violenter jusqu’à ce que nous ayons dans nos rangs 5 personnes qui sont alitées, je crois que c’est de l’horreur. Ces gens qui tirent des grenades, sur les pauvres victimes seront traqués en justice", averti M. Clément.
Il interpelle le président de la République qui dit qu’il est victime lui aussi, de s’investir pour que les victimes aient leurs droit immédiatement et sans délai.
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Pour rappel, au-delà de la condamnation à des travaux forcés allant de 5 à 20 ans pour les uns et la perpétuité pour d’autres, les 20 ex-agents de la DDS doivent également payer à ces victimes, une somme de 75 milliards de FCFA à titre de dommages et intérêts.
L’Etat tchadien est civilement responsable et doit s’exécuter à hauteur de 50%. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, chargé des droits humains se veut rassurant.
Djimet Arabi d’indiquer que "le gouvernement est conscient de la situation de ces victimes et toutes les dispositions sont en train d’être prise pour que ces victimes soient satisfaites le plus rapidement possible. Pour le ministre, la volonté politique est claire et que l’ensemble des Tchadiens doivent compatir avec les victimes qui ont souffert dans leur corps et dans leur sang sous le régime d’Hissein Habré. Ça fait 40.000 morts donc ça doit concerner tout le monde selon le garde des Sceaux".
Les victimes quant à elles, trouvent que cette sortie est une victoire et n’entendent pas baisser les bras.