L'Ethiopie met en cause l'Erythrée dans les récents troubles en Oromia

Turkish riot police scuffle with a group of protesters as they attempted to defy a ban and march on Taksim Square to celebrate May Day in Istanbul, Turkey.

Le pouvoir éthiopien a accusé jeudi l'Erythrée, à laquelle l'a opposé un conflit meurtrier entre 1998 et 2000, d'être derrière les manifestations antigouvernementales déclenchées en novembre 2015 dans la région de l'Oromia et qu'il a violemment réprimées.

"Nous avons des preuves concrètes que certaines des personnes qui ont été impliquées ou ont été les instigatrices des violences dans certaines localités de l'Arsi occidental viennent d'Asmara", la capitale de l'Erythrée, a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Getachew Reda.

L'Arsi est une subdivision au sein de la région Oromia où ont été récemment recensées des violences.

Forte de 27 millions d'habitants, l'Oromia encercle Addis Abeba et s'étend sur de larges parties de l'ouest, du centre, de l'est et du sud du pays. Elle a sa propre langue, l'oromo, distincte de l'amharique, langue du peuple amhara et de l'administration.

Les manifestations ont éclaté en novembre dans l'Oromia pour protester contre un plan gouvernemental d'urbanisme visant à l'expansion de la capitale éthiopienne Addis Abeba. Ce "Master plan", finalement abandonné le 12 janvier, suscitait des craintes d'expropriation de fermiers oromo, le plus important groupe ethnique du pays.

M. Reda a accusé l'Erythrée de travailler de concert avec deux mouvements éthiopiens, le Front de libération Oromo (OLF), un groupe rebelle, et Ginbot 7, un groupe d'opposition exilé aux Etats-Unis et qualifié de terroriste par Addis Abeba.

"Le gouvernement érythréen ne travaille pas seulement avec ce qui reste de l'OLF à Asmara, mais aussi avec Ginbot 7, et ils veulent infiltrer des fauteurs de troubles en Ethiopie", a-t-il affirmé.

"Les protestations exprimées par les gens avaient pour origine des inquiétudes légitimes. Mais à un certain point, il y a eu des éléments politiques qui ont été impliqués dans le détournement du processus", a-t-il ajouté.

La répression des manifestations dans l'Oromia a été brutale et massive: plus de 140 morts et des milliers d'arrestations, selon un bilan établi début janvier par l'organisation Human Rights Watch (HRW).

Dans un rapport publié lundi, HRW a assuré que cette répression était toujours en cours, affirmant que "des assassinats et arrestations arbitraires sont presque quotidiennement rapportés depuis le début de l'année".

L'Erythrée s'est séparée de l'Ethiopie en 1991 après 30 ans de guerre d'indépendance. Les deux pays restent sur le pied de guerre depuis le conflit armé qui les a opposés entre 1998 et 2000, notamment à propos de la délimitation de leur frontière commune, longue de 1.000 km.


Avec AFP