Liberia : remise au président Weah d'un rapport sur une opération monétaire controversée

Le président du Libéria, George Weah, à Paris, 20 février 2018

Un audit met en relief des incohérences dans la conduite au Liberia d'une opération monétaire controversée lancée en 2018 par l'administration du président libérien George Weah, selon une version du document publiée par des médias.

La présidence a annoncé jeudi soir dans un communiqué que M. Weah avait reçu le rapport commandé le 7 mars à la Commission générale des audits (GAC) sur une opération de rachat de dollars libériens menée pour "éponger la liquidité excessive" de la monnaie nationale dans le but d'enrayer sa chute.

Le contenu du rapport, "actuellement à l'étude par le président en vue d'actions à venir sur la base de ses conclusions", n'est pas précisé.

Mais selon une version non officielle qui a fuité dans les médias libériens, l'audit relève des contradictions entre les conditions prévues pour cette injection dans l'économie à partir de juillet 2018 de 25 millions de dollars américains et leur application.

Selon ce document, les dollars libériens retirés du marché auraient dû être "gelés" pendant au moins un an afin de stabiliser la monnaie nationale mais ont commencé à être remis en circulation en novembre à la suite de plaintes de banques et de clients sur le manque de liquidités à l'approche des fêtes de fin d'année.

Par ailleurs, le gouvernement aurait dû rembourser le 31 décembre au plus tard à la Banque centrale (CBL) les 25 millions de dollars engagés mais ne l'avait pas encore fait au 1er avril, selon un courrier de la CBL cité dans le document.

Un collectif d'opposants a annoncé mardi, après une rencontre avec le président Weah en fonction depuis janvier 2018, qu'il maintenait son appel à manifester le 7 juin et renvoyait à après le dialogue proposé.

La présidence avait expliqué en mars avoir commandé ce rapport en réponse aux recommandations d'une commission d'enquête présidentielle et d'un audit du cabinet de conseil américain Kroll Associates sur la politique monétaire du pays et la CBL depuis 2016.

Cinq anciens dirigeants de la CBL, dont Charles Sirleaf, fils de l'ex-présidente Ellen Johnson Sirleaf, ont été inculpés le 4 mars de "sabotage économique" à la suite de la publication des conclusions de Kroll Associates et de la commission d'enquête présidentielle.

Il leur est notamment reproché d'avoir fait imprimer sans autorisation un excédent de billets pour un montant de 2,645 milliards de dollars libériens (14,4 millions d'euros ou 16,3 M USD), dont ils ne peuvent justifier l'utilisation, selon l'accusation.

Kroll Associates se montrait très critique de la méthode retenue par l'administration Weah pour "éponger la liquidité excessive" de dollars libériens, estimant qu'elle avait "augmenté le niveau de risque" de malversations et recommandant des vérifications supplémentaires.