Les déplacés d'un ex-bastion libyen pro-Kadhafi empêchés de rentrer chez eux

Des Libyens déplacés de la ville de Taouarga vivent dans des préfabriqués sur un chantier de construction à la périphérie de Benghazi le 9 juillet 2012.

Les milliers de déplacés de la ville libyenne de Taouarga, contraints à un exil massif après leur soutien en 2011 à l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi, ont été empêchés jeudi de rentrer chez eux par des groupes armés, en dépit d'un accord préalable.

Le gouvernement d'union nationale (GNA) avait annoncé en décembre le retour de ces déplacés de Taouarga début février, conformément à un accord conclu entre représentants de la ville et de celle de Misrata (200 km à l'est de Tripoli), qui l'administre depuis la révolte de 2011.

Jeudi matin, plusieurs centaines de familles avaient ainsi pris la route en direction de Taouarga, mais elles ont été bloquées à des barrages aux entrées de la ville par des groupes armés.

"Nous sommes maintenant à 14 km à l'est de Taouarga (...) avec d'autres familles venues de Tripoli et nous essayons d'entrer", a dit à l'AFP par téléphone Omar al-Tawerghi, l'un des habitants présent sur place.

"Il y a aussi de (nombreux) autres véhicules avec des familles venues de l'est de la Libye" bloquées à un autre barrage, a-t-il ajouté.

"Nous insistons pour rentrer chez nous", a déclaré le président du conseil local de Taouarga, Abdelrahmane Chakchak.

D'après la chaîne de télévision Libya Channel, "plus de 600 familles (...) ont été bloquées par les organes de sécurité de la ville de Bani Walid", à 185 km au sud-est de Tripoli, "par mesure de sécurité".

Le Conseil local de Misrata a, lui, appelé le GNA à "intervenir immédiatement pour reporter" le retour de ces familles, déplorant des entraves empêchant la bonne application de l'accord.

"La situation n'étant plus sous le contrôle de la commission chargée par le GNA" de veiller au bon déroulement de ce retour, elle ne peut assurer le suivi de la mise en oeuvre de l'accord, a-t-il écrit dans un communiqué.

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Les 35.000 habitants de Taouarga, qui se sont battus jusqu'au bout aux côtés de Kadhafi, ont été enfermés pendant plus de sept ans dans des camps en périphérie de la capitale libyenne, ou ont vécu dispersés dans le pays dans des conditions déplorables, avec l'interdiction de rentrer chez eux.

Dans ces camps, ils ont aussi été confrontés à l'insécurité, soumis à des attaques menées par des milices, notamment de Misrata.

Avec AFP