Washington a appelé à l'"arrêt immédiat" de l'offensive du maréchal Haftar. Mais les grandes puissances ne sont pas parvenues à se mettre d'accord à l'ONU sur une position commune concernant la crise libyenne.
Les combats ont fait rage dimanche au sud de Tripoli, en particulier à Wadi Rabi et dans le périmètre de l'aéroport international, une infrastructure inutilisée depuis sa destruction par des combats en 2014.
Lire aussi : Libye: les forces pro-Haftar repoussées, réunion prévue du Conseil de sécuritéL'Armée nationale libyenne (ANL), la force paramilitaire dirigée par le maréchal Haftar, a annoncé dimanche avoir mené son premier raid aérien dans la banlieue sud de Tripoli. Les forces loyales au GNA du Premier ministre Fayez al-Sarraj, soutenu par l'ONU, avaient mené leur première frappe aérienne la veille.
- Pas de trêve -
La mission de l'ONU en Libye (Manul) avait lancé un "appel urgent" à une trêve de deux heures dimanche dans la banlieue sud de Tripoli pour permettre l'évacuation des blessés et des civils face à l'escalade militaire.
Mais "il n'y a pas eu de trêve", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la Manul, Jean Alam. Les services de secours libyens ont confirmé qu'ils n'avaient pas pu entrer dans les zones d'affrontements.
Pays riche en pétrole, la Libye est déchirée depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011 par de multiples conflits internes.
Les forces du maréchal Haftar, homme fort de l'est du pays, ont lancé jeudi une offensive pour prendre Tripoli. Elles sont loyales à une autorité qui s'oppose au GNA installé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale.
- Contre-offensive -
Dimanche, le porte-parole des forces du GNA a proclamé le début d'une contre-offensive nommée "Volcan de la colère" pour "nettoyer toutes les villes libyennes des agresseurs".
L'armée américaine a annoncé dimanche le retrait provisoire de ses militaires en Libye à cause des combats.
Au moins 21 personnes ont été tuées et 27 autres blessées depuis le début de l'offensive sur Tripoli, selon un bilan du ministère de la Santé du GNA. L'ANL a annoncé samedi avoir perdu 14 combattants.
M. Sarraj a affirmé que des soutiens affluaient de toutes les régions du pays pour soutenir les forces du GNA.
Lire aussi : Libye: des mouvements de troupes pro-Haftar font craindre un embrasementLes puissants groupes armés de la ville de Misrata (200 kilomètres à l'est de Tripoli) semblent avoir décidé de participer à la défense de la capitale, de même que ceux des villes de Zentan et de Zawiya, respectivement au sud-ouest et à l'ouest de la capiale.
Un groupe armé de Misrata, la "Brigade 166", est arrivé samedi dans l'est de Tripoli avec des dizaines de véhicules armés notamment de canons antiaériens, a constaté un correspondant de l'AFP.
- Eviter un embrasement -
Il est difficile "d'avoir une vision claire sur l'issue de la bataille ou sur les rapports de forces", a déclaré à l'AFP un diplomate occidental sous couvert de l'anonymat.
Selon lui, l'ONU et les pays occidentaux ont pris contact avec les deux camps rivaux pour éviter un embrasement, mais le "succès est mitigé" jusqu'ici.
Les violences interviennent avant une conférence nationale sous l'égide de l'ONU à Ghadamès (sud-ouest) et censée dresser une "feuille de route", avec la tenue d'élections.
L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a assuré samedi que cette conférence était maintenue aux dates prévues, du 14 au 16 avril, sauf en cas de "circonstances majeures".
- "Arrêt immédiat" -
Les Etats-Unis sont "profondément préoccupés" par les combats près de Tripoli, a déclaré dimanche le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. "Nous avons fait clairement savoir que nous sommes opposés à l'offensive militaire des forces de Khalifa Haftar et nous appelons à l'arrêt immédiat de ces opérations militaires contre la capitale libyenne", a dit M. Pompeo dans un communiqué.
Le chef de la diplomatie américaine a critiqué explicitement l'offensive des forces du maréchal Haftar. "Cette campagne militaire unilatérale contre Tripoli met en danger des civils et sape les perspectives d'un avenir meilleur pour tous les Libyens", a-t-il déclaré.
A l'ONU, la Russie a bloqué dimanche l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité qui aurait appelé les forces du maréchal Haftar à arrêter leur avancée vers Tripoli, ont indiqué des diplomates.
La délégation russe avait demandé que la déclaration formelle du Conseil appelle toutes les forces armées libyennes, et pas seulement celles du maréchal Haftar, à cesser leurs opérations, selon ces sources.
Cette proposition russe de modification ayant été rejetée par les Etats-Unis, la Russie s'est opposée à l'adoption de la déclaration.
M. Sarraj a accusé le maréchal Haftar d'oeuvrer à "saper le processus politique" pour "plonger le pays dans un cycle de violence et de guerre destructrice".
Avec AFP