Libye: le chef de l'ONU dénonce des détentions arbitraires récurrentes

Les migrants africains dans la ville de Bani Walid, à la lisière du désert, à 170 kilomètres au sud-est de la capitale libyenne, Tripoli, le 12 décembre 2017.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres réclame au gouvernement libyen de prendre des mesures pour protéger les détenus en Libye contre la torture et pour leur accorder une procédure judiciaire régulière, dans un rapport publié jeudi.

"Je reste profondément préoccupé par les violations généralisées des droits de l'homme et les abus commis à l'encontre des détenus et la détention arbitraire prolongée de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sans procédure régulière", souligne M. Guterres dans ce document portant sur les six derniers mois.

"Le gouvernement doit mettre en place des mesures permettant à toutes les personnes détenues d'être protégées contre la torture et d'autres mauvais traitements et de jouir d'un droit à une procédure régulière", ajoute-t-il.

"Toutes les prisons doivent être sous le contrôle effectif du gouvernement et ne dépendre d'aucune influence ou interférence venant de groupes armés", précise le secrétaire général.

Dans son rapport, Antonio Guterres évoque notamment la situation des migrants et des réfugiés qui "continuent d'être vulnérables" à des privations de liberté, des détentions arbitraires et des abus sexuels, dans des prisons officielles ou non officielles, ainsi qu'à des enlèvements ou du travail forcé.

"Plus de 669.000" migrants ont été recensés dans le pays, incluant 12% de femmes et 9% d'enfants, dans la période observée.

"Le nombre des détenus s'est accru" depuis août, précise le rapport.

Environ 5.300 réfugiés et migrants étaient détenus en Libye pendant la période concernée, dont "3.700 nécessitant une protection internationale", indique le document. Les femmes et enfants "sont particulièrement vulnérables aux viols, abus sexuels et exploitations, par des acteurs étatiques comme non-étatiques", relève aussi Antonio Guterres.

Sept ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye reste divisée avec la présence à Tripoli du gouvernement d'union nationale (GNA) soutenu par la communauté internationale, et dans l'Est, un cabinet parallèle appuyé par l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée par le maréchal Khalifa Haftar.

Malgré les efforts diplomatiques internationaux, aucune solution politique n'est en vue --la dernière tentative française d'obtenir l'organisation d'élections en décembre ayant fait long feu.

Avec AFP