Libye: un député enlevé, l'ONU dénonce un acte inacceptable

Photo d’archives : Une vue générale de Dar al Salam, un hôtel cinq étoiles utilisé par des membres de la Chambre des représentants, à Tobrouk, le 28 sept. 2014.

Un député libyen a été enlevé à Tobrouk, une ville de l'est du pays où siège le Parlement reconnu par la communauté internationale.

C'est ce qu'a indiqué jeudi une source de la sécurité, la mission de l'ONU en Libye dénonçant un acte "injustifié et inacceptable".

"Le député de Misrata (200 km à l'est de Tripoli) Mohamed al-Ra'id se trouve chez un habitant de Tobrouk depuis mercredi", a déclaré à l'AFP un responsable du service de sécurité du Parlement reconnu.

M. Ra'id était en route pour l'aéroport après avoir prêté serment au Parlement. Elu en 2014, M. Ra'id n'avait jusque-là pas prêté serment car, comme d'autres députés, il avait boycotté le Parlement qui siégeait à Tobrouk plutôt qu'à Tripoli.

La Libye est plongée dans le chaos et livrée à des groupes armés depuis la chute de Mouammar Khadafi en 2011. Deux autorités s'y disputent le pouvoir depuis la prise de la capitale Tripoli par des milices en partie islamistes à l'été 2014. Les autorités rivales, non reconnues par la communauté internationale, siègent elles à Tripoli.

"L'homme qui retient M. Ra'id demande le transfert de ses deux fils, condamnés pour une affaire de stupéfiants, d'une prison de Misrata vers une autre dans l'est du pays", précise jeudi la source du service de sécurité du Parlement.

Les médiations engagées par des dignitaires de Tobrouk "ont échoué et les forces de sécurité hésitent" à mener une opération pour libérer M. Ra'id, ajoute ce responsable indiquant que le député était "en contact permanent avec (la sécurité) et dit ne pas avoir subi de mauvais traitements".

Mercredi soir, le député s'est même exprimé en direct à la télévision libyenne pour confirmer son enlèvement et les revendications de ses ravisseurs.

Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unis et chef de la mission de l'ONU en Libye a vivement condamné l'enlèvement.

"Je suis extrêmement contrarié par cet acte injustifié et inacceptable", a dit Martin Kobler. "J'appelle tous les acteurs influents à n'épargner aucun effort pour la libération immédiate et inconditionnelle" de M. Ra'id.

Le député Ra'id "ne mérite pas de payer pour avoir eu le courage de faire prévaloir l'intérêt de la nation, au risque de sa vie, pour réintégrer le Parlement comme le stipule l'accord politique libyen", a dit M. Kobler qui faisait référence à l'accord sur un gouvernement d'union signé mi-décembre au Maroc sous l'égide l'ONU.

Avec AFP