L'Inde promet un net effort pour soutenir ses agriculteurs

Heure de pointe à Mumbai, Inde (31 octobre 2011)

Le gouvernement indien a promis lundi de débloquer plus de cinq milliards de dollars pour soutenir les agriculteurs à la peine, dans son projet de budget 2016/17, avec l'espoir de consolider la croissance et de relancer sa popularité en berne.

L'Inde affiche la plus forte croissance mondiale mais deux années de sécheresse et les millions d'emplois manquants pour sa jeune population active ont plongé dans le désespoir nombre d'habitants des zones rurales, aboutissant à de récentes émeutes meurtrières.

Le gouvernement de Narendra Modi, en place depuis pratiquement deux ans, a promis de moderniser l'économie mais est confronté au ralentissement de la croissance mondiale et au blocage de réformes cruciales au parlement.

"Nous voulons assurer une sécurité socio-économique à chaque Indien, en particulier les agriculteurs, les pauvres et les plus vulnérables", a dit le ministre des Finances, Arun Jaitley, en présentant le budget devant le parlement.

"Nous avons le rêve d'une Inde plus prospère et avons une vision pour transformer l'Inde".

Le gouvernement veut doubler les revenus des 120 millions d'agriculteurs d'ici cinq ans et leur a promis de consacrer sur ce prochain budget 359 milliards de roupies (5,2 mds USD) via un plan d'assurance des récoltes, l'amélioration de leur accès aux marchés et l'accélération du déploiement d'internet.

Il va également renforcer le budget du programme de garantie d'emplois en milieu rural (NREGA) mis en place par le précédent gouvernement dirigé par le parti du Congrès.

Ce programme, férocement critiqué par Modi quand il était dans l'opposition, garantit 100 jours d'emploi par an sur des travaux publics pour tout foyer qui en fait la demande.

Le gouvernement a aussi promis d'électrifier tous les villages d'ici mai 2018. Quelque 300 millions d'habitants n'ont toujours pas accès à l'électricité en Inde.

Globalement, l'Inde va consacrer dans son budget annuel 877,6 milliards de roupies (12,7 milliards de dollars) pour le développement du monde rural, a ajouté Arun Jaitley.

Le gouvernement conduit par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) doit affronter de délicates élections dans plusieurs grands Etats cette année et l'an prochain, et le vote du monde rural sera crucial.

En novembre, le BJP a subi un cuisant revers dans le Bihar (nord-est), l'un des Etats les plus grands et les plus pauvres du pays.

- Réformes bloquées -

"Le BJP doit mettre davantage l'accent sur la politique sociale", a estimé Samir Saran, analyste à l'Observer Research Foundation.

Le gouvernement a besoin de gagner des élections pour renforcer son poids à la chambre haute du parlement où il ne peut, faute de majorité, faire passer ses projets de réforme, en particulier la mise en place d'une TVA harmonisée au niveau national.

Narendra Modi a promis d'accélérer la croissance en Inde, troisième économie asiatique, mais les investisseurs s'inquiètent de la lenteur du changement et estiment que ce troisième budget de son gouvernement constitue un "quitte ou double".

Ils s'attendaient à un relâchement sur le front du déficit public mais Jaitley a réaffirmé l'ambitieux objectif d'une réduction du déficit à 3,5% en 2016/17.

L'Inde et sa croissance de plus de 7% apparaissent comme un point d'appui pour l'économie mondiale secouée par le ralentissement chinois, le plongeon des matières premières et les difficultés des autres grands pays émergents.

Le pays ressent cependant la faiblesse de la demande mondiale, ses exportations se contractant depuis 14 mois tandis que l'investissement privé reste fragile.

Le gouvernement prévoit une croissance comprise entre 7% et 7,75% pour 2016/17.

Les économistes attendaient des signes sur la mise en place de la TVA harmonisée (GST) dans ce projet de budget, l'une des clés pour la campagne en faveur du "Make in India" de M. Modi.

Mais l'agriculture reste de loin le premier employeur en Inde et les paysans souffrent de deux années de faible mousson.

Les Jats, une communauté d'agriculteurs et propriétaires terriens, ont déclenché des émeutes dans le nord de l'Inde il y a une dizaine de jours pour accéder aux quotas d'emplois publics et de places à l'université réservés habituellement aux basses castes.

Avec AFP