Un ex-ministre de Mugabe affirme que le nouveau régime zimbabwéen est "illégal"

Le président du Zimbabwe Robert Mugabe lors de la cérémonie d'investiture de son 6e mandat, à Harare, le 29 juin 2008.

Le nouveau chef de l'Etat Emmerson Mnangagwa et son vice-président Constantino Chiwenga "savent très bien qu'ils sont arrivés au pouvoir grâce aux balles, pas grâce aux urnes", a déclaré Jonathan Moyo, ancien ministre de l'Education supérieure et fidèle allié de M. Mugabe.

Un ancien ministre de l'ex-président zimbabwéen Robert Mugabe a jugé "illégal" le nouveau régime en place à Harare, dans un entretien diffusé par la BBC.

Après trente-sept ans au pouvoir, le président Mugabe a remis sa démission le 21 novembre, à la suite d'un coup de force de l'armée. Il a été remplacé par son ancien bras droit, Emmerson Mnangagwa, qu'il avait démis de son poste de vice-président quelques semaines plus tôt.

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Lors de son intervention, l'armée, alors dirigée par Constantino Chiwenga, avait expliqué être intervenue pour se débarrasser des "criminels" dans l'entourage du président Mugabe. Les militaires visaient les proches de la Première dame, Grace Mugabe, qui ambitionnait de remplacer son mari âgé de 93 ans.

"L'armée s'est déployée au Zimbabwe alors que la Constitution stipule que seul le président peut la déployer", a encore déclaré Jonathan Moyo, aujourd'hui en exil dans un pays qu'il n'a pas divulgué. "Nous avons une constitution (...) elle a été violée par un coup d'Etat", a-t-il estimé.

Jonathan Moyo a aussi accusé le nouveau régime de ne pas vouloir tenir, comme prévu, les élections présidentielle et législatives prévues cette année.

La semaine dernière, MM. Mnangagwa et Chiwenga ont rendu visite au chef de l'opposition, Morgan Tsvangirai, atteint d'un cancer et adversaire historique du régime Mugabe.

Ils "ont fait mine de se préoccuper de sa santé, mais nous savons tous qu'ils voulaient négocier un report des élections pour au moins trois ans", a assuré M. Moyo, "ils ont peur des élections."

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Depusi son accession au pouvoir, Emmerson Mnangagwa a promis à plusieurs reprises des élections "libres et honnêtes en 2018". Mais ses critiques doutent de sa volonté d'organiser des scrutins transparents, rappelant qu'il a été l'un des exécuteurs de la répression ordonnée pendant l'ère Mugabe.

Jonathan Moyo a également accusé le président et son vice-président d'être impliqués dans les massacres de Gukurahundi (sud-ouest) au début des années 80, qui avaient fait quelque 20.000 morts.

"Actuellement, le gouvernement de la République du Zimbabwe est dirigé par les personnes qu'on peut craindre le plus dans notre histoire. On a peur d'elles parce qu'elles sont associées aux atrocités qui se sont produites" dans le pays, a-t-il ajouté.

A l'époque des massacres, Emmerson Mnangagwa était à la tête du service des renseignements.

Avec AFP