Londres et Bruxelles poursuivent des tractations en vue d'un accord commercial historique

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'adresse aux législateurs européens lors d'une session plénière au Parlement européen à Bruxelles relative à l'accord sur le Brexit, le mercredi 16 décembre 2020. (Photo AP/John Thys)

Londres et Bruxelles ont poursuivi leurs tractations commerciales ce jeudi, après une nuit de pourparlers, après près d'une année de dures négociations et ce, à la veille de Noël et à une semaine du divorce définitif entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.

Après dix mois de négociations harassantes, l'Union européenne et le Royaume-Uni espèrent annoncer jeudi un accord historique sur leur future relation commerciale, qui leur permettrait d'éviter in extremis un "no deal" dévastateur pour leurs économies en fin d'année.

Les négociations trainent à cause de l'impasse sur la pêche. Malgré son faible poids économique, ce secteur revêt une importance politique et sociale pour plusieurs Etat membres. Mais les Britanniques veulent reprendre le contrôle de leurs eaux et en ont fait le symbole de leur souveraineté retrouvée après le divorce.

Lire aussi : Brexit: accord Canada/Royaume-Uni pour éviter les droits de douane

Les tractations se concentrent sur le partage des quelque 650 millions d'euros de produits pêchés chaque année par l'UE dans les eaux britanniques et la durée de la période d'adaptation pour les pêcheurs européens. L'aboutissement de ces laborieuses discussions, débutées en mars, permettrait aux deux parties de s'épargner un "no deal" aussi embarrassant sur le plan politique que dommageable au niveau économique.

Sans accord, les échanges entre l'UE et Londres seraient régis par les seules règles de l'Organisation internationale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane, de quotas, ainsi que de Lourdes formalités administratives.

Selon une source gouvernementale française, les Britanniques ont consenti "d'énormes concessions", en particulier sur la pêche, ultime point d'achoppement des discussions.

"Il y a eu des mouvements du côté britannique, mais le diable est dans les détails des textes et nous n'y sommes pas encore", a tempéré une source diplomatique. "On vérifie que toutes les garanties sont bien là."

Lire aussi : Accord sur le Brexit: la France ne "sacrifiera" pas ses pêcheurs

S'il est confirmé, un compromis entre la Commission européenne et le Royaume-Uni devra encore être validé par les Etats membres, un processus qui devrait prendre plusieurs jours.

Mais il reste en théorie suffisamment de temps pour qu'un éventuel traité entre en application provisoire le 1er janvier, quand le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, aura définitivement abandonné le marché unique.

Le texte, de près de 2.000 pages, serait alors validé a posteriori par le Parlement européen.

L'aboutissement de ces négociations, débutées en mars, permettrait aux deux parties de s'épargner un "no deal" aussi embarrassant sur le plan politique que dommageable au niveau économique.

Implications du deal

Avec cet accord, l'UE offrirait à son ancien Etat membre un accès inédit sans droit de douane ni quota à son immense marché de 450 millions de consommateurs.

Mais cette ouverture sera, le cas échéant, assortie de strictes conditions: les entreprises d'outre-Manche devront respecter un certain nombre de règles évolutives au fil du temps en matière d'environnement, de droit du travail et de fiscalité pour éviter tout dumping. Des garanties devraient aussi exister en matière d'aides d'Etat.

Lire aussi : Brexit: négocier "n'a pas de sens" sans changement de position de l'UE, selon Londres

Un mécanisme devrait permettre aux deux parties d'activer rapidement des contre-mesures, comme des droits de douane, en cas de divergences sur ces normes.

En cas de "no deal", le Royaume-Uni perdrait beaucoup plus que l'Europe: les Britanniques exportent 47% de leurs produits vers le continent, quand l'UE n'écoule que 8% de ses marchandises de l'autre côté de la Manche.