La radio au secours des victimes de la LRA

Un jeune combattant de la LRA

Deux décennies après le début des exactions commises par l'Armée de résistance du Seigneur dans le nord de l'Ouganda, la LRA ne possède plus qu’une fraction de son ancienne force, environ 100 combattants actifs dans certaines parties de l'Afrique centrale. Mais les communautés les plus exposées aux attaques, dans les régions reculées de la République centrafricaine et le Congo, ont peu de moyens de se défendre.

Dans le village de Fenzane, il n'y a pas de police, pas d'armée, ni de soldats de l’ONU. La région fait régulièrement l’objet d’attaques de bandits et de groupes armés tels que l'Armée de résistance du Seigneur.

"Nous nous sentons abandonnés par le gouvernement, même si nous sommes à seulement 10 kilomètres du centre-ville. Le gouvernement ne pense pas à nous", estime Jeanne Nakanda.

Ici, il n’y a pas de réseau de téléphone cellulaire. Mais un projet financé par l'USAID a trouvé un autre moyen pour les collectivités de communiquer et de se préparer aux attaques.

Les villageois gardent un œil sur les mouvements des groupes armés. Ils apportent l'information au chef du village, qui la passe alors sur l'opérateur radio, Judicial Mgbatissoungue. Il envoie et reçoit des informations de sécurité grâce à une radio haute fréquence, alimentée à l’énergie solaire, connectée aux opérateurs de radio dans les communautés environnantes.

«Avant le projet, les communautés étaient très isolées. Dans le passé, l'ennemi nous prenait par surprise. C’est désormais plus difficile pour eux. Nous pouvons nous préparer."

Le réseau d'alerte précoce relie 32 collectivités dans la RCA et 62 autres en République démocratique du Congo.

"Lorsque l'information arrive dans le village, la communauté a déjà identifié les endroits où les femmes et les enfants vont se cacher. Les hommes surveillent pour s’assurer que tout est OK. Après vérification, ils rentrent", explique Jean Oumboyo Modeste.

Les résidents mettent de côté leurs effets personnels et de la nourriture afin de ne pas tout perdre au cours d’un raid.

Ce réseau d'alerte précoce a déjà a atteint près de 300.000 personnes.

Il n’empêche, les troupes ougandaises et américaines stationnées dans la région, n’ont toujours pas réussi à capturer le leader de la LRA, Joseph Kony recherché depuis 2005 par la Cour spéciale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.