Quel a été votre message aux législateurs américains lors de cette audition devant la commission Tom Santos des droits de l'Homme du Congrès à Washington ?
Fred Bauma : "Le premier message était de parler de la situation des droits de l’homme en RDC et de relever qu’il y a une grande répression contre les activistes pacifiques et l’opposition. L’espace politique se rétrécit de plus en plus. J’ai aussi parlé du processus électoral et des prétextes qui sont souvent avancés pour ne pas organiser ces élections comme le manque d’argent. Dans le même tems, on constate un pillage, un détournement des ressources qui engage des personnes proches du gouvernement. C’est pour cela qu’on demande aussi plus de sanctions de la part du Congrès et du gouvernement américains.
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Le 19 décembre approche. D'ici là, il n'y aura pas d'élection ni de nouveau président. Redoutez-vous ce qui va se passer d'ici trois semaines ?
Fred Bauma : "C'est une date importante, peut-être même la plus importante depuis l'indépendance. Le président Kabila a encore l'occasion d'entrer dans l'Histoire par la grande porte. Je lui demande d'annoncer publiquement qu'il ne se représentera pas, qu'il va se retirer et privilégier la paix plutôt que de réprimer les manifestations. J'ai l'espoir en un Congo meilleur et qu'on privilégiera notre fibre patriotique plutôt que des intérêts personnels et aller de l’avant. Si rien n’est fait, le Congo va vers une grande crise. Il faut sauver le Congo maintenant."
Comment avez-vous vécu vos 17 mois de détention ?
Fred Bauma : "Ces 17 mois ont été très difficiles pour moi, ma famille et mes amis. Ce fut une grande injustice et il reste beaucoup de gens encore dans cette même situation en RDC. Ils sont en prison pour rien, pour s’être exprimés."
Comment définiriez-vous les militants de Filimbi, Lucha, etc. ?
Fred Bauma : "On est peut-être des fous, des idéalistes ou des emmerdeurs mais nous sommes surtout des Congolais qui croient en un avenir meilleur. On ne veut pas voir le pays sombrer dans la misère et la violence, une fois de plus. Nous sommes guidés par cet amour profond des valeurs républicaines, la liberté, la justice sociale et la dignité humaine. Ces jeunes Congolais refusent la dictature, refusent de se résigner face à tous ces maux et ont décidé de se lever. »
Propos recueillis par Nicolas Pinault