La banalisation du phénomène du travail des enfants par certains adultes au Bénin est en totale contradiction avec le code de l’enfant voté en 2015. Sœur Triana Borsani fait partie de la congrégation des Sœurs Salésiennes de Don Bosco. Depuis de nombreuses années, elle se bat pour protéger les enfants. Pour elle, "le silence des adultes sur le drame que vivent les enfants est coupable."
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"Il y a trop d’enfants qui travaillent alors qu’ils doivent être à l’école, dénonce-t-elle. Et au sein de la population, il n’y a personne qui se pose les vraies questions sur l’avenir de ces enfants qui ont parfois des charges trop lourdes sur leur tête ou qui travaillent dans de conditions difficiles."
En dehors des travaux familiaux traditionnels, les enfants sont employés comme domestiques, pour faire du petit commerce ou sont employés pour des travaux dangereux dans les domaines de l’agriculture, la maçonnerie, la soudure et autres. Jeanne Laroua se bat elle aussi depuis de nombreuses années pour donner un autre destin aux enfants placés dans les foyers. Elle insiste sur le fait qu'"un enfant a le droit de s’épanouir et de se construire que d’être obligé de porter de lourdes charges."
"Ça se passe tous les jours devant nos yeux et il n’y a personne pour arrêter cela, constate-t-elle. Même devant les commissariats, des enfants passent avec sur leurs têtes des tas d’ignames. Il fait peut-être 12 kilos mais il a plus de 20 kg sur la tête. Il faut une volonté politique parce que seules, la société civile ne peut rien. A moins de 14 ans, les enfants n’ont pas à être maltraités comme ça."
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Selon les résultats de l’enquête réalisée par l’INSTaD, le taux de prévalence nationale en matière de travail des enfants est passé de 52,5% en 2014 à 19,9% en 2022. Mais malgré cette avancée, le phénomène reste tenace en milieu ouvrier.
"Pour travailler chez nous, il faut avoir au moins 16 ans, assure Marlène Gniha, maîtresse couturière et membre de l'association des artisans du Bénin. Et nous encourageons les gens autour de nous à le faire. Au sein de notre organisation, nous exigeons l’acte de naissance qui puisse nous permettre de voir si l’enfant a déjà quatorze ans révolus."
Au sein de la population, tout le monde se dédouane ou ferme les yeux devant le phénomène.
"On doit laisser les enfants aller à l’école au moins pendant un moment avant de les envoyer dans les centres de formation ou ailleurs. Moi je peux dire que ce sont les parents qui sont responsables. Pour moi c’est de la maltraitance, ce n’est pas si compliqué", dénonce Patrick D'Oliveira, informaticien.
Au Bénin, "le travail des enfants constitue une violation des droits fondamentaux de l'homme", rappelle Esther Djossa, administratrice de l’action sociale. Pour elle, le code de l’enfant est clair sur les droits de chaque enfant : "L’enfant ne doit pas travailler avant l’âge de 14 ans minimum, il faut qu’il ait fini le primaire. Il peut obtenir le CEP ou non. Ce sont des préalables avant qu’un enfant ne travaille."
Lire aussi : Escalade des tensions bilatérales après l’arrestation de cinq Nigériens au BéninLe Bénin ambitionne d’atteindre l’objectif de développement durable (en matière de travail des enfants et devra prendre des mesures immédiates pour éliminer les pires formes de travail des enfants d’ici à 2025.