Lutte contre les discours de haine au Soudan du Sud

Site de personnes déplacées près de Juba au Soudan du Sud, le 25 janvier 2017.

La Mission de l’ONU dans le pays, la Minuss, a lancé une série d’ateliers pour aider les Sud-Soudanais à identifier les discours de haine et l'incitation à la violence afin d’en atténuer l'impact.

Le Soudan du Sud est plongé depuis 2013 dans un conflit à forte connotation ethnique à la suite d’un différend opposant le président Salva Kiir à son ancien vice-président, l'actuel chef des rebelles Riek Machar.

Les personnes déplacées à cause de ce conflit connaissent les conséquences tragiques du discours de haine. Comme des millions d'autres, elles ont fui les massacres au Soudan du Sud et vivent dans ce camp de protection des civils. Ici, elles apprennent à reconnaitre les discours de haines et y faire face.

Selon Eugène Nindorera, Directeur division Droit de l’homme de la MINUSS, "leur situation est une conséquence du discours de haine et de l'incitation à la violence. Pour lutter efficacement contre le discours de haine, nous devons impliquer tout le monde. Nous avons pensé que les leaders communautaires sont un bon groupe cible et qu’il faut s'assurer qu'ils puissent transmettre le message à leurs membres."

Le gouvernement de Juba a signé un accord de paix avec les factions rebelles sud-soudanaises en septembre. Mais pour Mary Nyamayi Tut, l'une des participantes à l'atelier, tant que la haine et les discours de haine auront cours dans les communautés, le conflit ne finira pas.

Elle est la responsable des femmes du centre de protection de la Minuss: "Il est préférable de s'asseoir, de se réconcilier, de se parler et de voir comment surmonter la haine et le discours de haine."

Pour le directeur régional de l’association Article 19, Henry Maina, c'est plus compliqué que cela en a l'air: "Il faut commencer par comprendre que le discours de haine survit même dans les familles. Il survit au niveau du village, de l'ethnie, de la race, et les gens peuvent se détester de manière irrationnelle. Une fois que les gens savent comment l'identifier avec ses effets, nous pouvons alors mettre en place des stratégies pour y faire face. Il est impossible d'éliminer le discours de haine dans la société, mais vous pouvez en atténuer les effets".

Les animateurs des ateliers onusiens espèrent qu'avec le temps, les gens comprendront leur rôle dans le cycle incessant de haine et d’actes de violence entre les communautés.