Lutter contre la bureaucratie pour rendre l'aide humanitaire plus efficace

Ban ki-moon et Recep Tayyip Erdogan, Istanbul, 23 mai 2016

Il est urgent de lutter contre la "grosse bureaucratie" de certaines organisations humanitaires pour rendre plus efficace leur action, a expliqué mardi la commissaire européenne Kristalina Georgieva, après avoir dévoilé un pacte entre donateurs et ONG en ce sens.

Dans le cadre d'un "Grand Marchandage" ("Grand Bargain" en anglais) annoncé lors du premier Sommet humanitaire mondial qui s'achève mardi à Istanbul, des donateurs, dont plusieurs gouvernements, se sont engagés à réduire les formalités qu'ils exigent des organisations humanitaires, lesquelles ont promis de dégraisser leur bureaucratie.

Le but, a expliqué à l'AFP Kristalina Georgieva, Commissaire européenne chargée du Budget et des Ressources humaines, est de limiter le gaspillage des ressources et de fluidifier leur transfert aux acteurs en première ligne des crises humanitaires.

La nécessité de repenser le financement de l'aide humanitaire est urgente, a-t-elle souligné, à cause de la "croissance exponentielle" des populations qui ont besoin d'assistance.

Si celles-ci "formaient un pays aujourd'hui, ce serait, avec une population de 130 millions, le 10e plus grand pays du monde entre la Russie et le Japon" et celui dont le nombre d'habitants "croît le plus vite", a-t-elle fait remarquer.

"Le principe du +Grand Bargain+, c'est une responsabilité mutuelle pour pouvoir mettre plus de ressources entre les mains des gens qui en ont besoin et de celles des travailleurs humanitaires qui risquent leur vie pour les aider", a expliqué Mme Georgieva.

Les organisations humanitaires, a-t-elle souligné, ont du mal à faire face aux crises qui se multiplient et ont perdu en simplicité en grandissant.

"Elles ne prennent pas le temps de se demander +Travaillons-nous comme il faut?+ Autrefois, elles étaient petites, mais elles sont aujourd'hui devenues de grosses bureaucraties", a dit Mme Georgieva.

La croissance des budgets, qui atteignent aujourd'hui 28 milliards de dollars, a eu pour conséquence "plus de frais généraux, des chevauchements et une concurrence entre les agences", a souligné la commissaire européenne.

"Il est donc absolument essentiel non seulement de lever plus d'argent, mais aussi de mieux l'utiliser", a-t-elle ajouté.

Le problème ne vient pas seulement des agences humanitaires: les donateurs ont également contribué à rendre plus complexe le système en exigeant plus de démarches administratives, ce qui a favorisé la mise en place d'une pesante bureaucratie. Ils "n'ont pas modernisé l'aide humanitaire", a-t-elle dit.

En facilitant l'arrivée des ressources sur le terrain, le "Grand Marchandage" peut favoriser des ONG plus modestes et locales, souvent en première ligne des crises humanitaires, ce qui permettrait de soulager les grosses agences humanitaires des Nations unies, a expliqué la responsable bulgare.

Reste à savoir si ces mesures pourront être appliquées efficacement. "J'ai foi et je garderai foi", a déclaré Mme Georgieva, indiquant toutefois que "cela exigera une responsabilité réciproque".

Avec AFP