Comme René Sylvain, 63 ans, plusieurs consommateurs avaient déjà tenté leur chance mercredi mais n'avaient finalement pas pu accéder aux magasins de la Société québécoise du cannabis (SQDC) malgré plusieurs heures d'attente.
"Je suis arrivé à 15H00 (mercredi), j'ai attendu cinq heures et à 21H00 ils ont fermé les portes, et le monde était en beau maudit (en colère, NDLR)", témoigne ce retraité interrogé devant la boutique de la rue Ste-Catherine, balayée par un vent glacial.
Mercredi soir, la police est intervenue pour disperser sans heurts les derniers clients n'ayant pu accéder à la succursale.
"On est repartis, il y avait trop d'autos de police. Et ce matin je suis ici depuis une heure à peu près. Chacun son tour!", ajoute M. Sylvain.
Lire aussi : Le Canada légalise le cannabisAlexandre, 30 ans, a attendu pendant sept heures mercredi, mais les portes de la boutique se sont fermées alors qu'il restait une poignée de clients devant lui.
"Ça a été l'enfer, il faisait froid mais on s'est amusé quand même, ça fumait des joints dans la foule et c'était le fun."
Geneviève Després, 41 ans, est revenue pour la deuxième journée consécutive, après avoir acheté ses premiers grammes de cannabis mercredi.
"J'ai pris le plus léger et je l'ai testé hier soir et my god c'est de la bombe. C'était le plus léger et je me suis endormie à 02H00 du matin. J'avais déjà fumé dans ma jeunesse, mais là c'est légal!", raconte-t-elle.
- Le cannabis reste illégal... au volant -
Le Canada est devenu le deuxième pays au monde après l'Uruguay, et le premier pays du G20, à légaliser la possession et la consommation de cannabis récréatif.
La première journée de légalisation du cannabis, mercredi, a été saluée par des milliers d'amateurs qui ont patienté pendant des heures, de l'Atlantique au Pacifique, pour pouvoir acheter leur premier paquet de marijuana "légale".
En Ontario, province la plus peuplée du Canada, environ 38.000 commandes en ligne de cannabis avaient été passées en quelques heures mercredi, tandis qu'au Québec la SQDC a enregistré plus de 42.000 commandes en magasin et en ligne.
"Ce volume de commandes dépasse largement les prévisions de la SQDC", a indiqué le monopole public dans un communiqué en soulignant "qu'il était difficile d'anticiper le volume de ventes de façon précise, compte tenu de l'inexistence de données de marché d'un secteur qui, il y a 48 heures, était encore illégal".
La Nouvelle-Ecosse et l'Ile-du-Prince-Edouard, deux petites provinces de l'Est du Canada, ont enregistré des ventes mercredi totalisant respectivement 660.000 dollars canadiens (441.000 euros) et 152.000 dollars, selon des chiffres cités par la chaîne publique Radio-Canada.
Cet engouement a provoqué de premières ruptures de stocks dans certains magasins, et plusieurs produits n'étaient plus disponibles sur les sites internet de plusieurs provinces.
"Compte tenu de l'engouement créé par la légalisation du cannabis et la rareté des produits à l'échelle canadienne, la SQDC s'attend à d'importants défis d'approvisionnement à court terme pour les succursales", a aussi noté le monopole gouvernemental québécois.
"Nous nous attendions à que certains produits s'écoulent rapidement", a reconnu Bill Blair, ancien chef de la police de Toronto et aujourd'hui "M. Légalisation" du gouvernement, sur la chaîne publique CBC.
Pour l'heure, les quelque 120 producteurs autorisés par le gouvernement canadien à produire du cannabis ne pourront combler que 30% à 60% de la demande, estimait la semaine dernière l'institut indépendant d'analyse économique C. D. Howe.
Légalisation ou pas, les autorités canadiennes ont tenu à rappeler que conduire en fumant du cannabis restait illégal: la police de Winnipeg (centre) a posté sur Twitter une amende de 672 dollars (448 euros) pour consommation de marijuana au volant d'une voiture. Elle a été infligée à un automobiliste qui fumait un joint en conduisant sur une autoroute du Manitoba quelques heures après l'entrée en vigueur de la nouvelle législation.
Avec AFP