Législatives en Guinée: l'opposition n'a pas déposé de liste, confirmant son boycott

Les membres du FNDC à Conakry avant la marche funèbre, Guinée, le 4 novembre 2019. (VOA/Zakaria Camara)

Les principaux partis de l'opposition en Guinée ont confirmé mardi leur intention de boycotter les élections législatives prévues le 16 février, au lendemain d'une nouvelle forte mobilisation contre la volonté prêtée au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat.

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a enregistré le dépôt de listes émanant de 29 partis, dont le Rassemblement pour le peuple de Guinée (RPG) du président Condé, a indiqué lors d'une conférence de presse le président de cette institution, Amadou Salif Kébé.

Mais aucune liste n'a été déposée par les grandes formations de l'opposition réunies, avec des organisations de la société civile, au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui mène le combat contre un éventuel troisième mandat du chef de l'Etat depuis plusieurs mois.

"Nous confirmons le boycott. Les conditions pour une élection transparente ne sont pas réunies", a déclaré à l'AFP le principal opposant guinéen, Cellou Dalein Diallo. Il a réclamé, pour changer de position, "un fichier électoral assaini, un recensement correct (des électeurs) et un président de la Commission électorale moins partisan".

"Ces élections, on les empêchera", a ajouté M. Diallo. Un autre leader de l'opposition, l'ex-Premier ministre Sidya Touré, sollicité par l'AFP, a tenu des propos similaires.

L'opposition avait déjà annoncé le 23 décembre qu'elle boycotterait le scrutin, plusieurs fois reporté, et même qu'elle "empêcherait" sa tenue.

Les législatives en Guinée associent deux modes de scrutin. Vingt-neuf partis vont concourir pour remporter 76 des 114 sièges de l'Assemblée nationale mis en jeu sur des listes nationales, qui seront répartis à la proportionnelle.

Les sièges restants seront désignés lors de scrutins majoritaires à un tour dans les 38 circonscriptions du pays (33 en province et cinq à Conakry). Quatorze partis ont inscrit des candidats pour ce scrutin majoritaire, selon M. Kébé.

"Nous sommes déterminés à organiser les législatives à la date prévue du 16 février 2020 puisque nous sommes techniquement et matériellement prêts", a affirmé le président de la Céni.

Ces élections visent à renouveler l'Assemblée nationale, dominée par le RPG.

L'opposition y voit une manœuvre du président Condé pour renforcer son pouvoir, alors qu'il compte faire adopter par référendum une modification de la Constitution qui lui permettrait de briguer un troisième mandat dans ce petit pays de 13 millions d'habitants d'Afrique de l'Ouest, pauvre malgré d'importantes ressources minières.