"J’ai commencé la photo en 1971 chez DeKoum au rond-point Moungali à Brazzaville. Alors que je n’avais pas soutien pour mes études, ma grande sœur me confia à ce célèbre photographe de Brazzaville. J’y ai passé une année. J’apprenais très vite", se souvient vaguement Macabus, originaire de Madzia dans le Pool.
Il se plait à expliquer comment le président Marien Ngouabi (1969-1977), alors grand footballeur, lui commandait des photos sur l’aire de jeu. Macabus réalise une belle image du président avec son ballon. Le président Ngouabi et ses belles sœurs sont expressément venus admirer cette photo devant le studio de Macabus sur l’avanue des Trois Martyrs à Ouenze, raconte l’artiste.
Du haut de ses 45 ans de carrière en photographie, Macabus n’a pas seulement connu le bonheur de son métier. Il se retrouve en prison après avoir fait les photos de Ange Diawara, un contre-révolutionnaire, opposant au régime du président Ngouabi.
Le photographe arrêté personnellement par le capitaine Denis Sassou N’Guesso sur ordre du commandant Marien Ngouabi passe "deux semaines à la sécurité d’Etat". Et dans ce lieu de détention qu’il fait la connaissance de Bernard Kolelas, un autre détenu d’opinion.
Entre-temps, il a parcouru le continent, en photo-reporter, couvrant les matchs importants pour le Congo. Les photos sur la coupe d’Afrique Yaoundé 1972, remportée par les Diables rouges et la coupe de la ligue africaine gagnée par CARA en 1974, portaient la signature de Macabus.
Une histoire qui n’éteint pas la flamme du jeune photographe. Il rebondit à la Conférence nationale de 1991. Il réalise à cette occasion les plus belles images d’acteurs politiques contemporains du Congo. Isabelle Fylla Lemina, Grégoire Lefouoba ou Jean Michel Bokamba Yangouma peuvent encore admirer, grâce à Macabus, la beauté de leur jeunesse, et leur hargne de parole dans ces assises politiques.
Ce chef-d’œuvre n’est pas connu du grand public. Macabus a certes perdu toutes ses archives pendant les conflits armées des années 90. Mais, le photographe n’a rien fait pour le faire connaître, déplore Lebon Chansard Ziavoula, jeune photographe à Brazzaville. Il aurait souhaité qu’à son époque, le vieux photographe "expose ses œuvres au grand public".
Ngouela Ngoussou, à Brazzaville