Après plusieurs promesses de réduction du train de vie de l'État, le président Macky Sall a décidé de frapper fort et cette fois les populations ont bon espoir que cela va porter fruit.
La mesure de restriction, longtemps annoncée, a été officiellement entérinée et a pris effet le 20 février. Bon nombre de citoyens sénégalais espèrent que cela va contribuer à la réduction du train de vie de l'État. Pour leur part, les agents du secteur public espèrent de plus profonds changements.
Mama Diarra Diop, jeune cadre vivant à Dakar, pense que la décision du chef de l'Etat est la bienvenue, pourvu qu'il y ait un suivi rigoureux. "Notre train de vie est excessivement élevé, nos autorités se permettent de faire n’importe quoi avec l’argent du peuple", fulmine-t-il.
M. Diop affirme que les autorités sénégalaises ont la mauvaise habitude de prendre des initiatives ou même des décrets mais après, il n’y a pas de structure adéquate pour en assurer l'exécution. "Au bout de deux, trois ou 5 mois maximum, cette décision va devenir désuète", déplore-t-il.
Au-delà du suivi, l'entretien et le recyclage des véhicules peuvent aussi aider l'État à réduire considérablement les dépenses liées à son parc automobile.
C'est l'avis de Mouhamadou Diagne, statisticien économiste. Il constate que durant des années, l'État a effectué des achats d’automobiles alors qu'il y a des voitures qui sont en "bon état" mais qui ne sont plus en circulation par manque d'entretien. Dans certains cas, souligne-t-il, des réparations mineures suffiraient pour les mettre à la disposition des agents. "Chaque nouveau gouvernement veut de nouvelles voitures" plutôt que de faire des économies, soutient-il.
Économiser, c'est bien mais rentabiliser les dépenses, c'est encore mieux si l'on se fie à Moustapha Fall, un fonctionnaire au sein de l'administration sénégalaise. A son avis, la mesure de restriction est opportune mais la manière dont les véhicules de l’administration sont distribués a déjà faussé le débat. Il estime que les véhicules administratifs ne devraient être distribués qu'aux agents qui n'ont pas les moyens de s'acheter une voiture personnelle. Il faut donc "carrément changer le système d'octroi", martèle-t-il.
Lire aussi : A Dakar, la hausse des loyers fragilise les familles les plus pauvresPour que la mesure de restriction d'achats des véhicules soit un succès total, le président Sall a demandé un recensement de l’ensemble des véhicules administratifs. Il souhaite aussi réviser la réglementation en vigueur et proposer un schéma de réforme des véhicules âgés de cinq ans et plus.
Enfin, le chef de l'Etat a demandé aux instances compétentes d’examiner, pour les ayants droit rigoureusement retenus, les modalités d’allocation d’une indemnité qui tient compte de l’amortissement du véhicule, le carburant, l’entretien et l’assurance.
Élu initialement en 2012 puis réélu en 2019, Macky Sall a fait de l'amélioration de la gestion des finances publiques l'une des priorités de son "Plan Sénégal Emergent", à travers lequel il se propose d'accélérer le développement du pays.