Macron se pose en champion de l'émancipation des femmes africaines

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kabore et son homologue français Emmanuel Macron au Palais présidentiel au Burkina Faso, le 28 novembre 2017.

Le président français Emmanuel Macron s'est posé en champion de l'émancipation des femmes africaines déclarant, devant des étudiants de Ougadougou, vouloir que "partout en Afrique une jeune fille puisse avoir le choix de ne pas être mariée à 13 ou 14 ans".

"Je serai aux cotés des dirigeants africains qui feront le choix de la scolarisation obligatoire des jeunes filles", a-t-il ajouté, précisant qu'il souhaitait que des programmes de bourses scolaires financés par la France "soient données en priorité à des jeunes filles", suscitant des remous dans la salle.

"J'entends cette mâle réaction qui proteste", a lancé le chef de l'Etat, mais "je regarde avec inquiétude dans des quartiers de mon propre pays la déscolarisation des jeunes filles progresser".

"Nous devons éduquer les jeunes filles, avoir des jeunes filles et des femmes libres. Que les hommes disent ce qui est bon pour les femmes, ce n'est plus acceptable", a-t-il ajouté. "Je vous le dis, jeunes hommes, c'est bon pour vous".

Il a aussi estimé que l'Afrique devait relever un défi "que nous ne pouvons pas éluder, celui de la démographie". Un sujet sur lequel il avait été critiqué en Afrique cet été pour une petite phrase évoquant le problème économique que poserait selon lui une fécondité de 7 ou 8 enfants par femme.

"Quand vous avez une croissance démographique durablement supérieure à la croissance économique, vous n'arrivez jamais à lutter contre le pauvreté", a-t-il insisté, regrettant seulement d'avoir employé cet été le terme de problème "civilisationnel". "Ne pas en parler c'est irresponsable", a-t-il dit.

"La démographie ça ne se décrète pas mais avec 7, 8 ou 9 enfants par femme, êtes-vous sûrs que c'est le choix de cette jeune femme? Je veux être sûr que partout en Afrique ce soit bien le choix pour cette jeune fille ou femme. Cela m'a poussé à faire de l'égalité femmes-hommes la grande cause de mon mandat", a-t-il dit, sous les applaudissements des étudiants.

Il a aussi souhaité lutter partout contre l'obscurantisme religieux, "menace bien plus redoutable parfois que le terrorisme car massive, diffuse, quotidienne, qui s'immisce dans les foyers, les campus".

"Nous devons éradiquer le financement de l'extrémisme", a-t-il poursuivi. "Nous ne pouvons plus accepter que des puissances financent des fondations ou des écoles qui nourrissent l'obscurantisme ou le terrorisme. Ce sera l'enjeu de la conférence sur le financement du terrorisme à Paris l'an prochain", a conclu M. Macron.

Il s'est aussi félicité que le prince héritier d'Arabie Saoudite Mohamed ben Salmane ait décidé de "fermer toutes les fondations qui ont nourri l'extrémisme en Afrique et en Europe", et a espéré des décisions similaires de la Turquie, du Qatar et de l'Iran.

Avec AFP