Onze millions d'inscrits sont appelés aux urnes jeudi pour choisir leur prochain président. Les bureaux de vote ouvrent à six heures du matin (03H00 GMT). Après déjà un mois et demi de manifestations dans les rues d'Antananarivo à l'appel de l'opposition, le préfet de la capitale, le général Angelo Ravelonarivo, a dénoncé mercredi des "actes de sabotage".
Lire aussi : La crise s'aggrave à deux jours de la présidentielle malgache"Face aux divers actes de sabotage qui se sont déroulés" mardi soir, "je vais sortir un arrêté d'ici peu instaurant un couvre-feu à partir de 21H00 jusqu'à 04H00 du matin", a-t-il annoncé lors d'une conférence de presse peu avant la publication du texte. Évoquant l'"incendie d'un bureau" de vote et "la destruction de divers matériaux électoraux", le préfet a mis en garde contre des actions menant à de possibles arrestations avec "circonstance aggravante en cette période électorale".
Treize candidats sont en lice pour le scrutin, dont le président sortant Andry Rajoelina, 49 ans. Dix candidats de l'opposition rassemblés dans un collectif, dont les anciens présidents Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana, ont appelé mardi les électeurs à ne pas voter.
"Nous refusons l'élection de jeudi et nous appelons tous les Malgaches à considérer que cette élection n'existe pas", a déclaré au nom du collectif le candidat et opposant Hajo Andrianainarivelo, 56 ans. "Nous faisons appel à tous à ne pas voter", a renchéri un autre candidat, Roland Ratsiraka, 57 ans, dénonçant une "supercherie".
Premier tour décisif
Les membres du collectif ont refusé de faire campagne pendant que le candidat du pouvoir, qui parie sur une victoire dès le premier tour, a rallié ces dernières semaines des milliers de soutiens aux quatre coins du pays où il s'est rendu en hélicoptère ou en avion privé.
Les opposants contestent l'éligibilité de Rajoelina après un récent scandale autour de sa double nationalité et réclament une suspension du processus électoral. La presse a révélé en juin que le chef d'Etat sortant avait discrètement acquis la nationalité française en 2014. Selon l'opposition, il a de ce fait perdu sa nationalité malgache et ne peut être candidat. La justice à toutefois rejeté les recours réclamant une invalidation de sa candidature.
L'opposition a dénoncé "un coup d'Etat institutionnel" visant à assurer une réélection d'Andry Rajoelina. Réclamant une intervention de la communauté internationale, le collectif a annoncé son intention de poursuivre les protestations dans les prochains jours. Jusqu'ici, les manifestations régulièrement dispersées au gaz lacrymogène n'ont toutefois remporté le soutien que de quelques centaines de participants.
Le gouvernement a condamné une "volonté de renverser le pouvoir", accusant l'opposition de "menacer la stabilité du pays". Indépendante depuis 1960, l'ancienne colonie française, qui compte parmi les pays les pauvres au monde, a rarement connu une élection sans transition militaire, ni contestation. Les opposants dénoncent aussi des irrégularités dans l'organisation du scrutin, notamment sur les listes électorales. Ils évoquent l'existence de "milliers de bureaux de vote fictifs".
Le scrutin, initialement prévu le 9 novembre, avait été reporté d'une semaine le mois dernier à la suite de la blessure d'un candidat lors d'une manifestation. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont exprimé leur "préoccupation" et dénoncé un usage disproportionné de la force contre l'opposition. Élu en 2018, Andry Rajoelina avait accédé au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie qui a chassé Marc Ravalomanana.