Les critères renforcés de sélection ont été fatidiques à plusieurs prétendants démocrates, qui ont préféré jeter l'éponge plutôt que de poursuivre leurs campagnes privés de cette plateforme médiatique cruciale.
Lire aussi : Nouvel abandon démocrate dans la course à la Maison Blanche"Je peux être davantage utile en aidant à nous unir pour battre Donald Trump en 2020", a ainsi déclaré la sénatrice de New York Kirsten Gillibrand, en annonçant son abandon mercredi faute d'avoir décollé des tréfonds des sondages.
D'autres grands noms, comme le maire de New York Bill de Blasio, ne sont pas parvenus non plus à se qualifier pour le débat mais s'accrochent tant bien que mal.
Sur les 20 candidats toujours en lice pour décrocher l'investiture démocrate puis se présenter contre le républicain Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre 2020, dix débattront le 12 septembre sur ABC.
Lire aussi : Primaire démocrate: la sénatrice américaine Warren derrière le favori BidenL'ancien bras droit de Barack Obama, Joe Biden, reste largement en tête de la moyenne des sondages établie par RealClear Politics (29%), suivi dans le trio de tête par le sénateur indépendant Bernie Sanders (17%) et Elizabeth Warren (16,5%).
Loin derrière arrivent la sénatrice Kamala Harris (7%), le jeune maire Pete Buttigieg (4,6%), l'homme d'affaires Andrew Yang (2,5%), le sénateur Cory Booker (2,4%), l'ex-élu de la Chambre des représentants Beto O'Rourke (2,4%), l'ancien ministre d'Obama Julian Castro (1,1%) et la sénatrice Amy Klobuchar (0,9%).
Alors que, trop nombreux, les candidats avaient été divisés aléatoirement en deux soirées différentes lors des premiers débats, cette fois Elizabeth Warren se retrouvera sur le même plateau que Joe Biden.
"On va gagner"
A 70 ans, l'ancienne professeure en droit à Harvard entrera en scène forte de ses bonnes performances lors des précédents débats et armée d'un programme déjà très précis qui l'ont vue bondir cet été dans les sondages, jusqu'à ravir la deuxième place à Bernie Sanders dans plusieurs études.
"Voyons loin, luttons dur, on va gagner!": aux quatre coins des Etats-Unis, elle lance son cri de ralliement depuis des mois, devant des foules qui ont grossi.
Plus de 10.000 personnes ont ainsi assisté à deux récents meetings, selon son équipe.
De quoi attirer l'attention des médias et... de Donald Trump, qui se moque régulièrement de la sénatrice en la surnommant "Pocahontas", en référence à une polémique sur ses très lointaines origines amérindiennes longtemps revendiquées.
Pour Elizabeth Warren, ces foules sont "le signe que les gens sont prêts à voir du changement à Washington". "Ils comprennent que notre gouvernement marche très bien pour les mégamilliardaires mais pas pour eux", a-t-elle déclaré dimanche à des journalistes.
Perçue parfois comme trop rigide, trop "professorale", Elizabeth Warren "est plutôt bonne dans la campagne de terrain", analyse Robert Boatright, politologue à l'université Clark dans le Massachusetts, Etat que la sénatrice représente à Washington.
"Elle a vraiment travaillé dur pour tisser un réseau de supporteurs", poursuit-il. Et cela pourrait s'avérer décisif lors des premiers votes des primaires, début 2020.
"Battre Trump"
Bien qu'ils luttent pour le même coeur d'électorat progressif, "elle n'a aucune raison de s'en prendre à Bernie Sanders" lors du prochain débat, car elle risquerait de se mettre à dos les supporteurs fidèles du septuagénaire socialiste, estime Betsy Fisher Martin.
Elle a plutôt choisi jusqu'ici de se présenter, sans attaque frontale, comme "une alternative plus pragmatique" à Bernie Sanders, 77 ans, remarque M. Boatright.
En face, le centriste Biden, 76 ans, pourrait d'ailleurs tirer avantage du fait que "Sanders et Warren se battent pour le même groupe d'électeurs".
Malgré les gaffes et les questions sur sa forme, l'ancien vice-président est en outre toujours perçu par beaucoup d'électeurs comme ayant le plus de chances de gagner la présidentielle en 2020.
Pour les "nombreux démocrates inquiets", "le premier critère de sélection d'un candidat est de trouver quelqu'un qui puisse battre Donald Trump", analyse Chris Arterton, professeur à l'université George Washington.
Une préoccupation profonde qui, selon lui, "pousse Joe Biden" dans les sondages.