Le Mali affirme avoir récupéré des données électorales à une entreprise française

Un référendum constitutionnel s'est tenu en juin 2023 au Mali.

Un groupe d’informaticiens maliens a affirmé mardi avoir récupéré des données indispensables à la tenue d'élections détenues par une société française, lors d’une conférence de presse à Bamako diffusée à la télévision nationale.

L'absence de ces données, "prises en otage" selon Bamako par le groupe français Idemia, avait été l'un des arguments avancé en septembre par la junte au pouvoir depuis 2020 pour repousser l'élection présidentielle à une date ultérieure. Les militaires au pouvoir ont mis fin à leur alliance avec la France pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.

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Les éléments récupérés concernent une base de données biométriques censée permettre de recenser les électeurs. Spécialisé dans l’identification et la sécurité numérique, le groupe Idemia, est issu de la fusion de Safran Identity & Security (Morpho) et d'Oberthur Technologies (OT), une société qui avait remporté en 2015 un marché de confection des passeports biométriques maliens sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita.

Mardi, le chef de l’Etat Assimi Goïta a annoncé lors d’une conférence de presse diffusée sur l'ORTM, la télévision nationale, le lancement d’un nouveau fichier biométrique géré par Bamako, Mali Kura Biométrie. Au cours de cette conférence de lancement, un individu présenté comme représentant les informaticiens travaillant pour Mali Kura Biométrie, visage flouté, a assuré que ses équipes avaient "récupéré des mots de passe" pour accéder à la base de données.

Plusieurs comptes de soutien aux autorités ont alors assuré que des "hackeurs" étaient parvenus à pirater les systèmes de l’entreprise française. Contactée par l’AFP, Idemia n’a pas confirmé ni démenti ces allégations et a réitéré les déclarations faites à l’AFP en septembre, assurant qu'il n'existe "pas de litige en cours" avec les autorités maliennes et qu'il n'y a "plus de cadre contractuel en vigueur" entre le groupe et le ministère malien de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, "en raison du non-paiement des factures".

En 2022, une organisation de la société civile malienne avait porté plainte contre l’ancien ministre français des Affaires étrangères Jean Yves le Drian, pour "complicité de prise illégale d’intérêt et favoritisme" dans l’attribution du marché de confection des passeports biométriques maliens à la société Oberthur Technologies.