Les débuts de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l'imam Mahmoud Dicko, parmi les spéculations sur les velléités présidentielles de ce dernier, passent pour un défi lancé au président Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir dans ce pays confronté depuis des années à une profonde crise sécuritaire.
"Mon problème, c'est ceux qui ont trahi le peuple malien. C'est à eux que je m'adresse. Mon combat, c'est d abord (contre) eux", a déclaré l'imam Dicko à la tribune du palais de la culture de Bamako. Il a fustigé une "corruption à ciel ouvert et endémique" et une "gouvernance catastrophique".
"Je ne suis ni faiseur de rois ni président, je veux faire la paix", a-t-il poursuivi sous les ovations de plus de 3.000 partisans dans un palais de la culture où une forte présence policière était visible.
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Des hommes politiques de l'opposition, mais aussi de la majorité ont également écouté l'influent prêcheur.
Président jusqu'en avril du Haut conseil islamique, principale organisation islamique d'un pays à 90% musulman, l'imam Dicko a entretenu pendant des années des relations en dents de scie avec le président.
Né à Tombouctou et formé notamment en Arabie saoudite, il a été engagé dans des efforts de médiation pour résoudre la crise née quand le nord du pays était tombé aux mains des jihadistes en 2012. Mais, avec le chérif de la localité de Nioro, Bouyé Haïdara, il est entré en fronde contre le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, qui a fini par démissionner le 18 avril.
Les conjectures vont bon train sur sa volonté de briguer la présidence.
Lire aussi : Polémique autour d’un projet de manuel d'éducation sexuelleSi le mouvement qu'il a lancé samedi n'est pas officiellement un parti politique, son coordonnateur général Issa Kaou Djime, porte-parole de Mahmoud Dicko, a souligné à la tribune que la CMAS avait pour "idéaux" les "visions religieuses, sociétales et politiques" de l'imam Dicko.
Dans une possible indication de la signification accordée à ce lancement, la Cour constitutionnelle malienne avait publié par avance, vendredi un communiqué prévenant que "les partis politiques ne doivent pas porter atteinte à la sécurité et à l'ordre public" et qu'aucun "parti politique ne peut se constituer sur une base ethnique, religieuse, linguistique", sous peine de sanctions. Le communiqué ne citait pas nommément la CMAS.