Il s'agit d'un dossier emblématique de la corruption reprochée à l'ancien régime et régulièrement invoquée par les autorités arrivées au pouvoir lors d'un coup d'Etat en 2020. "Nous renvoyons le procès afin que d'autres témoins puissent être entendus par la chambre d'instruction de la Cour suprême", a indiqué une source judiciaire à l'AFP. Le procès avait débuté la dernière semaine de septembre.
L'achat d'un avion présidentiel pour des chiffres estimés à l'époque à près de 40 millions de dollars, ainsi que du matériel militaire à une société malienne, tous deux sans appel d'offres, avaient valu en 2014 au Mali des sanctions des institutions financières, notamment le gel pendant six mois des décaissements du Fonds monétaire international (FMI). Le montant des irrégularités supposées avait ensuite varié en fonction des sources.
L'ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, ministre de la Défense au moment des faits, avait été placé en détention en 2021 dans le cadre de cette affaire pour des accusations de "faux", "corruption", "favoritisme", et "trafic d’influence". Il est décédé en prison en mars 2023 après avoir plaidé dans la presse son innocence. Ses partisans avaient accusé le pouvoir militaire de l'avoir laissé mourir en détention. L'ex-ministre de l’Économie et des Finances Bouaré Fily Sissoko, l'ancien directeur de cabinet de M. Keïta, Mahamadou Camara, qui avait alors le rang de ministre, sont quant à eux en détention dans l'attente d'être jugés, tout comme certains officiers.
Lire aussi : Des ex-ministres maliens jugés pour détournements dans une affaire d'achats militairesMoustapha Ben Barka, ancien ministre et secrétaire général de la présidence malienne, aujourd'hui vice-président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), est aussi parmi les accusés, mais n'est pas aux mains de la justice malienne.
"Je vous avais dit dès le début du procès que c'est un dossier vide. La junte voulait redorer son blason en se targuant de déclencher une lutte contre la corruption. C'est du +m'as-tu-vu+, de l'esbroufe et je dirais même un règlement de compte contre des anciens hauts responsables de l'Etat dont l'ancien Premier ministre Boubeye Maïga, mort en détention", s'est indigné Mohamed Chérif Koné, premier avocat général de la Cour suprême au moment des faits, et aujourd’hui opposant en exil.